CEREMONIE — Le drapeau de la Brigade honoré par la République

Grands formats — Le drapeau de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris a été honoré par la République, ce lundi 1er juillet. Médaille d’or pour acte de courage et de dévouement et médaille d’or de la défense nationale avec palme, ces deux décorations décernées à l’occasion de l’intervention sur Notre-Dame-de-Paris, sont désormais visibles sur l’étendard de la Brigade. De plus, notre unité est la toute première à recevoir la fourragère d’or pour acte de courage et de dévouement. Revivez cette cérémonie à travers les photos, la vidéo et les discours du ministre de l’Intérieur M. Christophe Castaner et de son homologue du ministère des Armées, Mme Florence Parly.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 4 mai 2021 à 03 h 12 

Flo­rence PARLY, ministre des Armées et Chris­tophe CASTANER, ministre de l’In­té­rieur, ont pré­si­dé ce lun­di 1er juillet 2019, dans la cour de l’état-major Cham­per­ret, la céré­mo­nie mili­taire de remise de déco­ra­tions et de la four­ra­gère d’or pour actes de cou­rage et dévoue­ment au dra­peau de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris.

Cette four­ra­gère d’or a été créée par le minis­tère de l’intérieur à la demande du Pré­sident de la Répu­blique pour maté­ria­li­ser l’attribution de la 3e médaille d’or pour actes de cou­rage et dévoue­ment (ACD) au dra­peau de la BSPP pour les actions conduites lors du feu de la cathé­drale Notre-Dame. La 1ère médaille d’or ACD avait été attri­buée en 2005 à la suite de l’incendie meur­trier de l’hôtel Paris-Opé­ra. La deuxième a été attri­buée en mars der­nier pour les opé­ra­tions de la rue de Tré­vise et de la rue Erlanger.

Par ailleurs, la BSPP s’est vue remettre une cita­tion col­lec­tive à l’ordre de l’ar­mée par Flo­rence Par­ly, ministre des Armées, pour son enga­ge­ment sur Notre-Dame de Paris et sa capa­ci­té de rési­lience extra­or­di­naire. Cette cita­tion com­porte une attri­bu­tion de la médaille d’or de la défense natio­nale avec palme.

La BSPP est ain­si le seul corps à por­ter sur son dra­peau la four­ra­gère d’or et la médaille de la défense natio­nale éche­lon or avec palme.

Discours de M. le ministre de l’intérieur

Madame la ministre, chère Florence,

Mon­sieur le secré­taire d’Etat, cher Laurent,

Mon­sieur le pré­fet de police,

Mon géné­ral, gou­ver­neur mili­taire de Paris,

Mon­sieur le pré­fet, direc­teur géné­ral de la sécu­ri­té civile et de la ges­tion des crises,

Madame la maire,

Mes­dames et mes­sieurs les parlementaires,

Mes­dames et mes­sieurs les élus,

Mon géné­ral, com­man­dant la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris,

Mes­dames et mes­sieurs les offi­ciers généraux,

Offi­ciers, sous-offi­ciers, gra­dés et sapeurs de la bri­gade de sapeurs-pom­piers de Paris,

Mes­dames et messieurs,

Une son­ne­rie.

Une son­ne­rie qui reten­tit et qui indique l’heure du courage.

Une son­ne­rie qui marque le début du com­bat, le début du devoir.

Mes­dames et messieurs,

Cette son­ne­rie qui résonne, c’est votre quo­ti­dien. C’est votre enga­ge­ment, l’engagement des héros de la Bri­gade, prêts à déca­ler pour affron­ter le feu, prêts à faire face au péril, prêts à don­ner leurs vies pour sau­ver les Français.

Aujourd’hui est un jour par­ti­cu­lier, car aujourd’hui, une nou­velle fois, la Bri­gade rentre dans l’histoire.

Depuis plus de 200 ans, la Bri­gade inter­vient par­tout, sauve par­tout. Elle crée un lien unique avec Paris, en connaît les moindres recoins. Elle a sou­te­nu les pari­siens pour chaque célé­bra­tion. Elle a accom­pa­gné la capi­tale dans chaque drame.

Il y a bien­tôt 15 ans, rue de Pro­vence, en avril 2005, vous avez bra­vé un feu ter­rible. Un feu meur­trier, le plus meur­trier depuis des décen­nies. Les flammes s’étaient empa­rées de l’hôtel Paris-Opé­ra. La mort fau­chait, impi­toyable, la vie de plus de 20 per­sonnes par­mi les plus dému­nies, de 20 per­sonnes dont beau­coup étaient à l’orée de leurs vies.

Face à ce qui était une scène de guerre, vous n’avez pas flan­ché. Vous avez réa­li­sé près de 60 sau­ve­tages et maî­tri­sé l’incendie. Vous avez ris­qué vos vies et, ensemble, reçu pour la pre­mière fois cette médaille pour actes de cou­rage et de dévoue­ment à son éche­lon le plus noble.

Il y a quelques mois, c’était rue de Tré­vise, puis rue Erlan­ger que le devoir vous appelait.

Rue de Tré­vise, c’est une explo­sion qui mena­çait tout un quar­tier et tout un pan de Paris qui aurait pu s’effondrer. Mais vous étiez là. Vous étiez là, pro­tec­teurs et pré­cis, pour inter­ve­nir et mettre à l’abri.

Ce 12 jan­vier, vous avez sau­vé une ving­taine de vie. Mais ce 12 jan­vier, vous avez per­du deux frères d’armes. Deux frères d’armes dont le sou­ve­nir nous habite et nous pousse encore.

Et comme le des­tin n’a pas de mémoire, quelques semaines plus tard à peine, c’est rue Erlan­ger qu’un incen­die immense a détruit un immeuble entier.

Et là où cha­cun aurait rêvé de fuir, vous êtes, à nou­veau, allés au devant du dan­ger. Et vous avez sau­vé, sau­vé 64 vies.

Pour ces actes héroïques, j’ai eu l’honneur de remettre à votre dra­peau, en mars, sa deuxième médaille pour actes de cou­rage et de dévoue­ment éche­lon or.

Et aujourd’hui, pour la troi­sième fois, cette dis­tinc­tion vous est remise.

C’était il y a quelques semaines, et pour beau­coup c’était hier.

C’était un peu de l’Histoire de la France qui se consu­mait. Un peu de notre l’humanité qui sem­blait condamnée.

Ce 15 avril, Notre-Dame brûlait.

La lutte a été longue, les moyens enga­gés majeurs. 500 sapeurs-pom­piers, sous les ordres du géné­ral Gal­let, qui ont com­bat­tu les heures durant.

Il était 18h50 quand l’alerte a son­né. Il était 2 heures du matin, quand les flammes se sont éteintes.

7 heures de com­bat, Notre-Dame était meur­trie mais elle était debout et c’est grâce à vous.

Vous avez ris­qué vos vies, à nou­veau. Vous avez pris tous les risques, à nou­veau. Vous êtes inter­ve­nus à temps et vous avez empê­ché la cathé­drale de s’effondrer.

Vous avez sau­vé Notre-Dame. Vous avez sau­vé un peu de notre mémoire, de notre His­toire. Vous avez sau­vé une part de l’âme de la France.

Alors le Pré­sident de la Répu­blique a vou­lu rendre hom­mage à votre cou­rage excep­tion­nel. Il a vou­lu vous rendre hom­mage, col­lec­ti­ve­ment, à votre sens du devoir et à vos gestes héroïques.

Aujourd’hui, la Bri­gade devient la pre­mière uni­té, la seule uni­té, à s’être illus­trée tant et tant qu’elle mérite de por­ter à son dra­peau et à votre bras, la four­ra­gère d’or pour actes de cou­rage et de dévouement.

Cette dis­tinc­tion, vous la méri­tez. Vous la méri­tez pour l’ensemble de vos gestes, l’ensemble de vos inter­ven­tions, l’ensemble de votre engagement.

Cette dis­tinc­tion, la Bri­gade la mérite. Elle la mérite pour tous ceux qui sont tom­bés ou ont été bles­sés pour la ser­vir. Elle la mérite pour ces deux siècles de ser­vice pour la capitale.

Car si vous êtes là, je n’oublie que c’est parce que vous êtes les héri­tiers d’une histoire.

Depuis plus de 200 ans, ceux qui étaient vos « pères d’armes » ont don­né à la Bri­gade son excel­lence, ses lettres de noblesse. Ils ont conquis le cœur de Paris et l’on sau­vé mille fois.

Ils n’ont jamais pen­sé à eux-mêmes. Ils ont ser­vi pour les autres, et ils ont bâti la Brigade.

Aujourd’hui, cette his­toire vous appar­tient et vous conti­nuez à l’écrire.

Les uni­formes ont évo­lué. Les méthodes se sont adap­tées. Les modes de vie ont été révolutionnés.

Mais l’intensité des flammes, elle, ne varie pas.

Les dan­gers des sau­ve­tages, de la pro­pa­ga­tion, eux, ne varient pas.

La dou­leur de la bles­sure, la souf­france de la perte, elles, ne varient pas.

Votre mis­sion est tou­jours la même : sau­ver ou périr.

Une mis­sion dont vous êtes les sol­dats dévoués, vigi­lants, irréprochables.

Une mis­sion qui sonne comme un devoir, qui sonne comme une alarme à laquelle, tou­jours vous répondez.

Paris a besoin de ses sol­dats du feu. Elle connaît leur mérite.

La Répu­blique a besoin de la Brigade.

Mer­ci pour votre enga­ge­ment, il est exceptionnel.

Vive la Brigade !

Vive la Répu­blique ! Vive la France !

Histoire du drapeau

Les pre­miers dra­peaux (1793 – 1848)

Au début de l’année 1793, la com­pa­gnie des gardes pompes est renom­mée « Com­pa­gnie des pompes publiques ». Celle-ci reçoit un dra­peau la même année
(décret du 30 juin 1793). L’emblème aurait été rem­pla­cé le 6 juillet 1801, date à laquelle est orga­ni­sé — par arrê­té — un corps des gardes-pom­piers de Paris.
Le 29 juin 1823 un nou­veau dra­peau, accor­dé par Louis XVIII, est remis au bataillon de sapeurs-pom­piers de Paris. Celui-ci est béni le 29 juin à Notre Dame. Par déci­sion du 20 juillet 1831, le roi Louis Phi­lippe Ier accorde un nou­veau dra­peau au bataillon de sapeurs-pom­piers de Paris. Celui-ci lui est remis le 9 sep­tembre de la même année place du Car­rou­sel. Sous la seconde Répu­blique, le Bataillon reçoit un nou­veau dra­peau à l’Arc de Triomphe le 20 avril 1848.
Celui-ci sera rever­sé en 1851.

Le dra­peau Second Empire (1869 – 1871)

Un décret est pro­mul­gué le 31 décembre 1851 : « Sym­boles qui en rap­pellent la gloire ; Consi­dé­rant que le dra­peau natio­nal ne doit pas être plus long­temps pri­vé de l’emblème renom­mée qui condui­sit dans cent batailles nos sol­dats à la vic­toire, Décrète : Art. 1er – L’aigle fran­çaise est réta­blie sur les dra­peaux de l’armée. » Par déci­sion de l’empereur Napo­léon III, le 23 jan­vier 1869, un nou­veau dra­peau est attri­bué au Régi­ment.
Les ins­crip­tions alors por­tées sont : sur l’avers : L’empereur Napo­léon III au Régi­ment des sapeurs- pom­piers de Paris ; sur le revers : Valeur — Dévoue­ment — Dis­ci­pline — Cam­pagne d’Orient.
Le 31 juillet sur l’esplanade des Inva­lides, le maré­chal Can­ro­bert, com­man­dant le 1er corps d’armée, accom­pa­gné du géné­ral com­man­dant la Place de Paris et du géné­ral, chef d’état-major du 1er corps d’armée remet au régi­ment de sapeurs-pom­piers de Paris son dra­peau. Avant la remise, le maré­chal clame en ses termes : « (…) La sol­li­ci­tude de l’empereur qui appré­cie les ser­vices que vous ren­dez tous les jours et à tous les ins­tants, ne vous per­dait pas de vue (…). Vous y voyez (sur le dra­peau) ins­crits les mots : Valeur – Dis­ci­pline – Dévoue­ment. Valeur, c’est à dire cette ver­tu qui vous fait affron­ter tous les dan­gers pour la défense du pays et le ser­vice de l’empereur. Dis­ci­pline, ce lien indis­so­luble qui unit fra­ter­nel­le­ment celui qui com­mande à celui qu’il a sous ses ordres. Dévoue­ment, ce n’est pas moi qui vous l’enseignerai. Ne le pro­di­guez-vous pas à toute heure de votre vie pour la pro­tec­tion et le salut de vos citoyens Allons, mes amis, ral­liez-vous autour de ce dra­peau. Qu’il abrite dans ses plis les nobles sen­ti­ments qui vous animent et que votre connais­sance unisse sa voix à la mienne au cri de « Vive l’empereur ! ».

Le dra­peau modèle (1880)

Le colo­nel Colo­nieu, com­man­dant le Régi­ment en 1878 adresse le 11 mars 1879 au géné­ral com­man­dant la Place de Paris la lettre sui­vante : « Mon géné­ral, J’ai l’honneur de vous rendre compte que je viens de rece­voir le n°14 de la par­tie régle­men­taire du jour­nal mili­taire offi­ciel conte­nant la liste des noms de bataille approu­vés par le ministre de la guerre pour
être ins­crits sur les dra­peaux et éten­dards des corps de troupe de l’Armée. Le régi­ment de sapeurs-pom­piers n’y est men­tion­né d’aucune façon mal­gré les dan­gers aux­quels les mili­taires de tous grades qui en font par­tie sont jour­nel­le­ment expo­sés, le régi­ment n’a aucun nom à invo­quer pour être mis sur son dra­peau, mais je viens vous prier, mon géné­ral, de vou­loir bien deman­der à mon­sieur le ministre de la guerre que, à l’exemple de la Légion, de la Garde Répu­bli­caine, une devise nous soit accor­dée. Dévoue­ment et Dis­ci­pline par exemple ; cette
devise qui récom­pense les nom­breux actes de cou­rage et de dévoue­ment accom­plis jusqu’à ce jour par les hommes du régi­ment serait pour ceux de l’avenir un encou­ra­ge­ment et un devoir de mar­cher dans les traces de leurs anciens, tout en leur rap­pe­lant qu’ils appar­tiennent tou­jours à la grande famille mili­taire et qu’ils sont sou­mis à toutes les règles qui la régissent. Je suis avec res­pect, mon géné­ral, votre très humble et obéis­sant subor­don­né… ». Le 5 avril 1879, le lieu­te­nant-colo­nel, chef du 5e Bureau rédige un rap­port au ministre de la guerre : « Nous avons l’honneur de sou­mettre à mon­sieur le ministre une demande for­mu­lée par le colo­nel des sapeurs­pom­piers dans le but de voir son régi­ment com­pris dans la liste des Corps aux­quels un dra­peau doit être pro­chai­ne­ment dis­tri­bué. La 1re Direc­tion ayant été consul­tée a émis à ce sujet un avis favo­rable. Nous avons l’honneur de pro­po­ser à mon­sieur le ministre de com­prendre le régi­ment de sapeurs-pom­piers par­mi les corps de troupe qui doivent rece­voir des dra­peaux ou éten­dards et de le faire ajou­ter sur la liste qui a figu­ré au jour­nal mili­taire offi­ciel. Ain­si que le pro­pose M. le colo­nel et par ana­lo­gie à ce qui a été fait pour la Garde Répu­bli­caine, la devise à ins­crire sur ce dra­peau serait Dévoue­ment et Dis­ci­pline ». Le 14 juillet 1880 sont dis­tri­bués sur le ter­rain de Long­champ, aux écoles mili­taires ain­si qu’aux corps de troupe les dra­peaux de la IIIe Répu­blique. C’est ain­si qu’est remis au régi­ment de sapeurs-pom­piers de Paris, des mains du pré­sident de la Répu­blique Jules Gré­vy, un dra­peau. Il reste depuis l’emblème du Corps. Durant la Seconde Guerre mon­diale, le Régi­ment reste la seule uni­té mili­taire consti­tuée de la zone occu­pée. Par pré­cau­tion, au cours du mois de juin 1940, l’emblème est trans­po­sé à Cler­mont-Fer­rand et remis au colo­nel
com­man­dant le 92e RI pour être mis en sécu­ri­té. Mais, le 12 novembre 1942, alors que les Alle­mands fran­chissent la ligne de démar­ca­tion, il est confié (avec douze autres emblèmes régi­men­taires) à la famille Tra­rieux. Le 1er juin 1943, le dra­peau est rame­né dans le pot d’échappement fac­tice d’une voi­ture de liai­son du Régi­ment. Le 4 juin, l’emblème est remis par le capi­taine Ber­nard au colo­nel Cor­net, chef de corps. Le 10 novembre 1944, au cours d’une prise d’armes à l’état-major, le géné­ral Koe­nig, gou­ver­neur mili­taire de Paris remet le dra­peau au lieu­te­nant-colo­nel Camus, com­man­dant le Régi­ment.
Le 18 juin 1984, le géné­ral Cou­pez, com­man­dant la Bri­gade, reçoit en dépôt du musée de l’Armée le faux pot d’échappement. Celui-ci est aujourd’hui expo­sé dans l’espace muséal à l’état-major.

Credits

Photos : BSPP

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