ADOSSPP et BCP-EH — Des pompiers bien dans leurs vies, bien dans leurs bottes !

sapeur-pompier assis sur intervention

#BrigadeInside — Le métier de sapeur-pompier est une tâche exigeante qui demande une grande disponibilité. Mais parfois les aléas de la vie viennent bouleverser cet équilibre. Le bureau condition du personnel — environnement humain (BCP-EH) est l’un des quatre bureaux de la division des ressources humaines de la Brigade. Dans les moments les plus beaux d’une vie jusqu’aux périodes les plus difficiles à surmonter, le BCP-EH avec l’ADOSSPP représentent le lien indéfectible entre l’institution et le militaire qui sollicite son aide. Une main tendue quelle que soit sa situation…

Myriam Jabal­lah —  — Modi­fiée le 30 avril 2021 à 11 h 16 

Altruisme, effi­cience, dis­cré­tion. Ces trois mots résonnent dans la tête de chaque sapeur-pom­pier de Paris qui part de chez lui pour enfi­ler l’uniforme avec lequel il vien­dra en aide à la popu­la­tion fran­ci­lienne. Mais com­ment les conser­ver à l’esprit quand lui-même est tour­men­té, inquiet, par­fois anéan­ti par ses propres maux ? Pour le com­man­dant Pierre-Oli­vier Ade­not, chef du BCP-EH, la devise est simple : « Bien dans ta vie, bien dans tes bottes ! ».

Com­po­sé de 30 per­son­nels ayant tous la fibre sociale, ce bureau œuvre chaque jour pour venir en aide à tous les sapeurs-pom­piers de Paris dans le besoin. Mariés, céli­ba­taires, en concu­bi­nage, parents, pro­prié­taires de biens, gra­dés ou non, tous sont poten­tiel­le­ment, un jour, confron­tés aux dif­fi­cul­tés de la vie. Pour les mili­taires du BCP-EH, il est incon­ce­vable qu’un autre mili­taire de la BSPP n’ait pas de quoi faire ses courses en ren­trant à la mai­son ou se retrouve iso­lé après un divorce dou­lou­reux. « Nous sommes pré­sents pour ce qu’il y a de plus cher dans la vie de nos mili­taires : leurs vies d’hommes, de femmes, de citoyens, d’époux, de parents et ce avec toutes les com­plexi­tés qu’une vie de famille peut par­fois com­por­ter » confie avec sin­cé­ri­té le com­man­dant. Dans le contexte d’engagement mas­sif, com­plexe et exi­geant de nos per­son­nels, les familles rem­plissent, il en est convain­cu, un rôle cen­tral en consti­tuant le socle de la vie des sapeurs-pom­piers de Paris. Mal­heu­reu­se­ment, c’est dans sa sphère conju­gale et fami­liale que le sol­dat du feu d’aujourd’hui est le plus tou­ché. Tout comme pour nos cama­rades de l’armée de Terre, la recru­des­cence de divorces et de sépa­ra­tions impacte signi­fi­ca­ti­ve­ment le moral des troupes, avec des pro­cé­dures sou­vent longues et com­pli­quées, notam­ment lorsqu’il y a de jeunes enfants. Pour­tant, il suf­fit par­fois d’une aide finan­cière ou d’un accom­pa­gne­ment juri­dique, voire sim­ple­ment d’une pré­sence bien­veillante, pour remon­ter la pente. A l’écoute, les per­son­nels du BCP-EH sont pour cela à la dis­po­si­tion de tous les pom­piers de Paris afin de trou­ver des solu­tions à des situa­tions sou­vent impac­tantes dans leur quotidien.

22 rue saint mar­tin paris

De nombreuses aides humaines et financières envisageables

Dès l’acceptation de la dif­fi­cul­té ren­con­trée, la pre­mière étape, et non des moindres, est de deman­der de l’aide. Il est par­fois bien dif­fi­cile dans une culture de la dis­cré­tion, très ancrée à la Bri­gade, de pas­ser par sa hié­rar­chie de proxi­mi­té, par­fois même d’en par­ler à ses propres col­lègues. Pour ces rai­sons, il est pos­sible de prendre direc­te­ment ren­dez-vous avec une assis­tante sociale ou encore avec le conseiller fac­teur humain (CFH) de son grou­pe­ment, qui tra­vaillent tous les jours avec le BCP-EH. Les dos­siers sont ensuite étu­diés en toute dis­cré­tion, au cas par cas, par la com­mis­sion de l’action sociale de l’ADOSSPP dont deux membres per­ma­nents appar­tiennent à la sec­tion de l’entraide sociale du bureau. L’ADOSSPP est indé­nia­ble­ment ins­crite dans l’ADN de la BSPP et est le véri­table bras armé social de la Bri­gade (voir page 70). Avec ce sou­tien, cha­cun peut se voir attri­buer l’aide finan­cière, juri­dique ou maté­rielle dont il peut avoir besoin. Des pres­ta­tions aujourd’hui ren­dues pos­sibles à 67 % grâce à l’offrande des

calen­driers, mais éga­le­ment aux coti­sa­tions annuelles des adhé­rents ain­si qu’aux dons faits aux oeuvres sociales. Vient s’ajouter à ce grand panel de prises en charge des « acci­dents de la vie », la sec­tion recon­ver­sion pour tous les mili­taires en droit de béné­fi­cier de ce dis­po­si­tif à la Bri­gade. Cette sec­tion impor­tante au BCP-EH œuvre afin de trou­ver une seconde vie pro­fes­sion­nelle aux sapeurs- pom­piers de Paris qui quittent l’institution. Elle pos­sède des rami­fi­ca­tions dans les grou­pe­ments grâce aux conseillers en tran­si­tion pro­fes­sion­nelle (CTP).

Deux autres sec­tions com­plètent le BCP-EH. La sec­tion envi­ron­ne­ment humain, avec sa cel­lule de sui­vi des bles­sés et des malades (CSBM), suit au jour le jour tous les bles­sés et les malades hos­pi­ta­li­sés ou à domi­cile. La sec­tion concer­ta­tion, ani­mée par le capi­taine Oli­vier Cler­bout, offi­cier concer­ta­tion de la Bri­gade et adjoint au chef du BCP-EH, tra­vaille quant à elle sur le moral et ses indi­ca­teurs. Elle est en contact per­ma­nent avec les conseillers caté­go­riels, les pré­si­dents de caté­go­rie dans les grou­pe­ments, les membres du conseil de la fonc­tion mili­taire Terre (CFMT) ou les membres du conseil supé­rieur de la fonc­tion mili­taire (CSFM). Ensemble, ils ont la volon­té de défendre au mieux les inté­rêts de tous les per­son­nels de la Bri­gade dans un contexte en per­pé­tuelle effer­ves­cence (pen­sions mili­taires de retraites, mutuelles, nou­velles poli­tique de rému­né­ra­tion des mili­taires, plan familles, situa­tions fami­liales à accom­pa­gner, etc.).

sapeur-pompiers de Paris seul
20 rue André Antoine, Paris 18

Sur le même sujet : Qu’est ce que l’A­DOSSPP https://allo18.fr/ladosspp-quest-cest/

Trois questions au CBA ADENOT

Commandant Adenot

« Tout le monde peut être tou­ché par la mala­die, la bles­sure, le han­di­cap d’un enfant, le sur­en­det­te­ment, la vie de famille bri­sée, l’impasse… Je refuse d’entendre encore en 2020 le terme « cas­sos » dans la bouche de nos hommes. Nous sommes des sau­veurs d’Hommes et nous devons avant tout nous entrai­der » mar­tèle avec convic­tion le com­man­dant Pierre-Oli­vie­rA­de­not. « Comme j’ai à cœur de l’entendre sou­vent de nos aumô­niers pré­sents tous les jours avec nous au BCP-EH : quand la pre­mière famille flanche, il revient à la deuxième, la Bri­gade, de prendre le relai et de ne pas lais­ser l’un des nôtres sur le bord de la route. »

Quel est votre par­cours à la BSPP ?

Je suis arri­vé à la Bri­gade le 4 mai 1988 comme enga­gé volon­taire. Ori­gi­naire de Seine-Saint-Denis, j’ai natu­rel­le­ment choi­si le pre­mier grou­pe­ment d’incendie et de secours. Très vite séduit par le métier de sapeur-pom­pier de Paris, je suis allé à l’avancement et j’ai gra­vi les éche­lons très rapi­de­ment, pous­sé par mes chefs suc­ces­sifs. Oscil­lant entre les dif­fé­rentes uni­tés de ce grou­pe­ment et le CFC, tou­jours dans le 93 (sic), je me suis spé­cia­li­sé dans le secou­risme et les risques tech­no­lo­giques chi­miques et radio­lo­giques. J’ai ser­vi la 39 e cie (UES Kou­rou) entre 2007 et 2012 en Guyane avant de reve­nir en métro­pole au tout nou­veau grou­pe­ment des appuis et de secours (GAS) comme offi­cier logis­tique, avec la mis­sion de créer la CCL4. Fort de mon expé­rience d’officier de sapeur-pom­pier de Paris déta­ché, je suis muté en 2013 à la direc­tion géné­rale de la gen­dar­me­rie natio­nale (DGGN) pour conce­voir le dis­po­si­tif sécu­ri­té-incen­die de ce site très sen­sible et mettre à jour la doc­trine natio­nale de sécu­ri­té de cette grande et mer­veilleuse ins­ti­tu­tion. L’été der­nier, j’ai rejoint l’état-major de la Bri­gade pour prendre la tête du bureau condi­tion du per­son­nel — envi­ron­ne­ment humain (BCP-EH), l’un des quatre bureaux de la divi­sion orga­ni­sa­tion des res­sources humaines.

En quoi consistent vos postes à l’ADOSSPP ?

Le rôle de secré­taire géné­ral me per­met d’avoir une vue très glo­bale de l’association. En tant que membre du bureau, je par­ti­cipe à toutes les déci­sions de fond. Mon rôle, en rela­tion avec le pré­sident, est pri­mor­dial pour le direc­teur de l’ADOSSPP, char­gé de la mise en œuvre des déci­sions prises. Et mon sta­tut d’actif à la BSPP est éga­le­ment très impor­tant vis-à-vis de cette asso­cia­tion. En tant que pré­sident de la com­mis­sion de l’action sociale, je me consacre à ce man­dat afin d’aider tous les sapeurs-pom­piers de Paris actifs ou anciens, éprou­vés par des dif­fi­cul­tés dans leurs vies.

Quel est le rôle de la com­mis­sion de l’action sociale de l’ADOSSPP ?

La com­mis­sion de l’action sociale de l’ADOSSPP est consti­tuée de treize membres actifs ou anciens qui occupent ces fonc­tions en plus de leurs obli­ga­tions pro­fes­sion­nelles et/​ou per­son­nelles afin d’aider les SPP dans la dif­fi­cul­té. Je tiens ici à saluer cet enga­ge­ment noble et louable (sau­veur

de sau­ve­teurs). Mer­ci à eux… Nous venons en aide sous dif­fé­rentes formes aux pom­piers de Paris en ser­vice ou retrai­tés dans la « mouise » finan­ciè­re­ment, maté­riel­le­ment, mora­le­ment ou autre. Nous nous appuyons pour cela sur le remar­quable tra­vail des assis­tantes sociales. Les aides dis­tri­buées sont très diver­si­fiées et vont du simple sou­tien moral à l’exercice de la pro­fes­sion jusqu’au paie­ment de pres­ta­tions dans de nom­breux domaines : frais de sco­la­ri­té, frais d’avocat, fac­ture d’électricité, paie­ment des impôts, achat de mobi­liers, ver­se­ment de divi­dendes direc­te­ment sur les comptes ban­caires, mise à dis­po­si­tion de chèques mul­ti­ser­vices, etc. Le sapeur-pom­pier de Paris, en acti­vi­té ou retrai­té, n’est pas épar­gné par les dif­fi­cul­tés et a quel­que­fois besoin d’aide. En com­mis­sion, nous exa­mi­nons envi­ron dix dos­siers tous les mois. Ces dos­siers sont pré­sen­tés par l’assistante sociale en chef et nous votons des aides en fonc­tion des détresses. Je sais que des cen­taines de per­sonnes vont se recon­naître à la lec­ture de ces quelques lignes, mais ces actions se réa­lisent en toute dis­cré­tion (pas de noms sur les ondes…).

Ce qui explique cer­tai­ne­ment pour­quoi la com­mis­sion de l’action sociale de l’ADOSSPP n’est pas tel­le­ment connue à la Bri­gade. Ces aides sont finan­cées par l’ADOSSPP pour res­ter fidèle à ses sta­tuts qui imposent de « por­ter assis­tance […] au pom­pier de Paris et sa famille… ».

À chaque fois, je me sou­viens des cam­pagnes d’offrandes de calen­driers aux­quelles je par­ti­ci­pais chaque année afin que nous puis­sions en retour aider nos cama­rades en proie à des dif­fi­cul­tés. Il me semble très impor­tant de gar­der le contact avec tous les pari­siens qu’ils soient de Paris, de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine ou du Val-de-Marne autre­ment que lorsqu’ils sont dans la détresse. Aus­si, je me per­mets d’adresser un grand mer­ci à tous les pom­piers de Paris qui s’impliquent dans l’offrande des calen­driers aux quatre coins de la méga­lo­pole pari­sienne car grâce à eux nous pou­vons, entre autres, aider les familles des sapeurs-pom­piers de Paris dans la difficulté.

Pour faire un don à l’A­DOSSPP : https://oeuvresocialepompiersparis.fr/

Credits

Photos : BSPP

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