DISPOSITIFS JEUNESSE — Le futur de la Brigade

Dispositif jeunesse sapeurs-pompiers de Paris

#BrigadeInside — Avant de devenir sapeur-pompier de Paris à part entière, la Brigade offre la possibilité, dès 11 ans, d’acquérir les premières bases des métiers de la sécurité. Sous la dénomination de dispositifs jeunesse, différents cursus allant du niveau collège au BTS sont proposés. Pour en savoir plus, nous sommes allés à la rencontre de cette section qui construit l’avenir de la BSPP.

La rédac­tion Allo18 —  — Modi­fiée le 30 avril 2021 à 11 h 33 

« Il y a une mécon­nais­sance assez frap­pante des dis­po­si­tifs jeu­nesse au sein de la Bri­gade ». Le mes­sage du capi­taine Laurent Leclercq est clair : il y a une néces­si­té pour la BSPP de les valo­ri­ser. Depuis 2018, il a pris en main la sec­tion dis­po­si­tifs jeu­nesse pour la refon­der et lui don­ner du sens. Aujourd’hui, avec son équipe, il tente avec véhé­mence auprès des jeunes, de redo­rer le bla­son d’une for­ma­tion sou­vent mécon­nue, presque délais­sée. Le chef de la sec­tion est convain­cu que « l’expérience acquise dans ces dis­po­si­tifs jeu­nesse pour­rait ser­vir à amé­lio­rer les com­pé­tences en interne Bri­gade, notam­ment en termes d’encadrement. Il faut s’en ser­vir pour pla­cer nos pro­blé­ma­tiques, en par­ti­cu­lier les appels abu­sifs, les agres­sions et l’accueil des secours, notam­ment dans les quar­tiers dif­fi­ciles ». Son objec­tif ? Créer ce qu’il appelle le conti­nuum Bri­gade, un cur­sus démar­rant dès le col­lège et allant jusqu’au bac voire plus encore. Décryp­tage d’une struc­ture ambi­tieuse.
Les jeunes pousses
« Il faut bien com­prendre que notre tra­vail est en amont du recru­te­ment BSPP » explique le capi­taine Leclercq. Tout com­mence avec l’école ouverte, ce pro­gramme qui concerne les jeunes col­lé­giens de 11 à 14 ans des éta­blis­se­ments d’un réseau d’éducation prio­ri­taire (REP). Enca­dré par l’association natio­nale des anciens cadres d’active des pom­piers de Paris (ANACAPP), il pro­pose aux ado­les­cents deux jours de for­ma­tion pen­dant les vacances sco­laires d’avril, de juillet ou d’octobre. Les thèmes abor­dés ont pour but de sen­si­bi­li­ser aux acci­dents de la vie cou­rante et de les édu­quer à un com­por­te­ment citoyen. « On les pré­pare à empê­cher l’accident, à en recon­naître cer­tains signes mais aus­si à connaître les réflexes à avoir chez eux, à l’école et dans la rue » ajoute le chef de la sec­tion. « Depuis 2005, on en est à 4 648 élèves for­més ». À rai­son d’environ 300 enfants par an, l’école ouverte contri­bue à l’éducation des jeunes de ces zones en dif­fi­cul­té. De quoi leur don­ner des armes mais aus­si l’envie de conti­nuer leur for­ma­tion au sein des cadets de la sécu­ri­té civile (CSC).

« Les CSC sont, cette année, répar­tis sur six éta­blis­se­ments du rec­to­rat de Paris, pour­suit le capi­taine. Sans ce der­nier qui le finance entiè­re­ment, ce pro­gramme n’existerait pas ». 90 jeunes col­lé­giens de classes de 4e et 3e béné­fi­cient de cette for­ma­tion, conduite une fois de plus par l’ANACAPP. Ces jeunes sont sen­si­bi­li­sés aux com­por­te­ments de pré­ven­tion. Pour le capi­taine Leclercq, « c’est aus­si l’occasion de leur faire pas­ser le PSC1, c’est le mini­mum que nous puis­sions faire ». Le pro­gramme des CSC, en plus d’offrir une vitrine de la Bri­gade et de ses dis­po­si­tifs, peut per­mettre aux jeunes d’obtenir une place prio­ri­taire pour les stages de décou­verte de 3e.

Pour­tant, le chef de la sec­tion sait qu’il existe encore cer­taines zones d’ombre. « Le stage de 3e est à repen­ser com­plè­te­ment. Même pour une simple semaine, la plu­part des jeunes sont consi­dé­rés comme des charges et nos sapeurs-pom­piers ne savent pas quoi en faire ». Une situa­tion qui mérite un vrai pro­gramme ain­si que de vrais objec­tifs. « L’important avec ces dis­po­si­tifs, c’est la sen­si­bi­li­sa­tion auprès des jeunes. On est pré­sent pour les faire avan­cer dans la vie civile et pro­fes­sion­nelle, les faire gran­dir, pas pour les recru­ter … enfin, pas avec ces dispositifs-là. »

Dispositif jeunesse sapeurs-pompiers de Paris

Une diver­si­té flo­ris­sante
Géré par l’adjudant-chef Franck Rei­bel, le groupe des jeunes sapeurs-pom­piers de Paris (JSPP) répond à un besoin de moder­ni­sa­tion et d’adaptation. Accueillant chaque année 90 à 120 jeunes de 15 à 18 ans, ces der­niers s’inscrivent pour une for­ma­tion de trois ans où ils seront pré­sents 30 same­dis par an en caserne, enca­drés dans des uni­tés de for­ma­tion. « Pen­dant les deux pre­mières années, on leur fait pas­ser de nom­breux diplômes (PSE1, module ARICOT et le bre­vet natio­nal JSP), et ils s’habituent aux centres de secours ». Pour la troi­sième et der­nière année, une for­ma­tion pro­fes­sion­nelle est de mise : PSE2, PRAP, H0B0, SST ou encore SSIAP1 sont pas­sés par ces jeunes qui finissent par être « sur­di­plô­més ». Cette der­nière année est sui­vie de près par les entre­prises du sec­teur de la sécu­ri­té. Ces for­ma­tions peuvent être pro­po­sées grâce, entre autres, à la per­cep­tion de la taxe d’apprentissage ver­sée au centre de for­ma­tion d’apprentis (CFA) de la BSPP.

C’est à ce moment pré­cis que le pre­mier objec­tif du dis­po­si­tif des JSPP se révèle : aug­men­ter les com­pé­tences de ces jeunes sur le sec­teur pari­sien afin qu’ils soient recru­tés en entre­prise. Depuis 2005, 52 % des 600 JSPP bre­ve­tés sont entrés dans les rangs de la BSPP, soit en étant réser­viste, soit en étant incor­po­ré. Pour le chef de la sec­tion ce n’est pas suf­fi­sant, « nous devons aller encore plus loin. Mais pour cela, il faut une contre­par­tie ». En effet, pour évi­ter de repas­ser les mêmes épreuves à la for­ma­tion ini­tiale, des pistes d’allègement de la durée au GFIS sont envi­sa­gées pour les anciens JSPP. Un sujet que la Bri­gade ren­contre aus­si chez les volon­taires ser­vice civique (VSC) et les bac pro.

« Les VSC font dix mois à la Bri­gade à rai­son de trois à quatre gardes par mois, comme 3e ou 4e dans un véhi­cule de secours et d’assistance aux vic­times (VSAV). Le but c’est qu’ils acquièrent de l’expérience pour leurs pro­jets futurs mais puisqu’on les a eus autant de temps et qu’on les a for­més, bien sûr qu’on tente aus­si de les recru­ter ». For­més au SAV à Port-Royal sur douze jours, les 200 à 250 VSC par an consti­tuent un public impor­tant pour l’adjudant-chef David Ziol­kows­ki, chef de ce groupe. Âgés de 18 à 25 ans, ils sont pour la plu­part déjà diplô­més (de bac à bac+5) et béné­fi­cient d’une for­ma­tion plus com­plète avec un inves­tis­se­ment éle­vé de l’ANACAPP. « Le seul pro­blème, ajoute le capi­taine Leclercq, c’est quand ils arrivent incor­po­rés après leurs 10 mois de VSC : ils se retrouvent à repas­ser le SAV à Vil­le­neuve ». De quoi en décou­ra­ger cer­tains même si leur taux d’attrition est l’un des plus faibles de la Bri­gade. Véri­table tra­vail de fond, la sec­tion dis­po­si­tifs jeu­nesse envi­sage, comme pour les JSPP, d’alléger leur for­ma­tion à Vil­le­neuve-Saint-Georges. « Le but, ce n’est pas de recru­ter plus, c’est de recru­ter mieux » et pour les bacs pro­fes­sion­nels, cette vision est d’autant plus vraie.

Dispositif jeunesse sapeurs-pompiers de Paris
1 place Jules Renard Paris XVII

Un recru­te­ment arbo­res­cent
Les bacs pro de la Bri­gade concernent trois rec­to­rats, dix lycées et douze classes pour un total de 400 élèves par an. Conven­tion­nés avec la Bri­gade, ces jeunes suivent un cur­sus métier de la sécu­ri­té (MS) et effec­tuent leur for­ma­tion pro­fes­sion­nelle au sein de la BSPP. Ce dis­po­si­tif, géré par le ser­gent-chef Kevin Sain­dre­nan, se déroule en par­tie à Mas­sé­na pour les cours théo­riques et manœuvres, ain­si qu’à Port-Royal pour les cours de secou­risme (PSE 1 et 2), déli­vrés sous agré­ment par l’ASASPP. Cer­tains d’entre eux ont, en plus, la pos­si­bi­li­té d’effectuer une immer­sion de plu­sieurs semaines en com­pa­gnie d’incendie, où ils sont ame­nés à par­ti­ci­per aux inter­ven­tions en 4e homme au VSAV.

Glo­ba­le­ment, ces dis­po­si­tifs jeu­nesse concernent toute la Bri­gade. Du BORH à la DIV SAN en pas­sant par le CFSAV notam­ment, la sec­tion est en col­la­bo­ra­tion avec une mul­ti­tude de ser­vices et de sites. Au total, plus de 1 000 élèves sont recen­sés par an, soit l‘équivalent des objec­tifs du recru­te­ment de la Bri­gade. Les retours sont excel­lents, ces dis­po­si­tifs contri­buent à la citoyen­ne­té et à la rési­lience de la plaque pari­sienne. « On est quand même très sur­pris. Ils sont excep­tion­nels et je peux dire qu’on est récon­ci­lié avec la jeu­nesse. Main­te­nant, nous devons moder­ni­ser tout ça pour leur four­nir la meilleure expé­rience et for­ma­tion pos­sible ». Avant de conclure, « on a ten­dance à consi­dé­rer ces jeunes comme une charge. Pour­tant, ils sont une plus-value ! Et si on les consi­dère comme tels, alors ce n’est plus une charge, c’est un investissement ».

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Mati­née manoeuvre avec la ses­sion Bac­pro d’un lycée d’Issy-les-moulinaux.

Comment devenir JSPP ?

Chaque année, entre 90 et 120 jeunes fran­ci­liens de Paris et la petite cou­ronne rejoignent la sec­tion des jeunes sapeurs-pom­piers de Paris de l’Association Spor­tive et Artis­tique des Sapeurs-Pom­piers de Paris (ASASPP). Pen­dant cette for­ma­tion de deux ans, intense et enri­chis­sante humai­ne­ment à la fois, les sta­giaires vont vivre :

  • Une for­ma­tion mili­taire, civique et citoyenne ;
  • Une for­ma­tion secou­risme (PSE1) ;
  • Une for­ma­tion sau­ve­tage et incendie ;
  • Des entrai­ne­ments, des acti­vi­tés et épreuves sportives.

À l’issue de ces deux années de for­ma­tion JSP et de l’année de for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, les JSPP sont titu­laires de diplômes recon­nus par les pro­fes­sion­nels des métiers de la sécu­ri­té incen­die et de l’entreprise.

Condi­tions et can­di­da­ture : ICI

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mai­rie du 15 eme arr

Etre volontaire au service civique…

Tous les jeunes Fran­ci­liens entre 18 et 25 ans, sala­riés, étu­diants ou encore deman­deurs d’emplois ont la pos­si­bi­li­té de se rendre utile en effec­tuant des mis­sions de secours sur le sec­teur de la Bri­gade. A l’is­sue d’une for­ma­tion de secou­risme de 12 jours, les volon­taires au ser­vice civique (VSC) seront affec­tés à un centre d’in­cen­die et de secours. Ils seront alors inté­grés à une équipe opé­ra­tion­nelle dans un véhi­cule de secours à per­sonnes (VSAV), à rai­son de 24 heures par semaine. Action valo­ri­sante pour les jeunes gens qui dési­rent s’in­ves­tir dans la cité, cette acti­vi­té donne le droit à une indem­ni­sa­tion men­suelle. Riche en adré­na­line et en expé­riences humaines, ce dis­po­si­tif per­met aux volon­taires de vivre autre­ment qu’en spec­ta­teur le quo­ti­dien des sapeurs-pom­piers de Paris.

Condi­tions et can­di­da­ture : ICI

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Nouveau : les stages animateurs JSPP

Depuis jan­vier 2020, des stages pour les ani­ma­teurs JSPP sont mis en place par la sec­tion dis­po­si­tifs jeu­nesse. Au pro­gramme : une for­ma­tion leur offrant une équi­va­lence BAFA ain­si que des com­pé­tences spé­ci­fiques uti­li­sables pour les JSPP. Les thé­ma­tiques portent sur la com­pré­hen­sion des ado­les­cents, le har­cè­le­ment ou encore la pré­pa­ra­tion de séances de sport adap­tées aux jeunes.

Ils sont incontournables

L’association spor­tive et artis­tique des sapeurs-pom­piers de Paris (ASASPP) et l’association natio­nale des anciens cadres d’active des pom­piers de Paris (ANACAPP) sont incon­tour­nables dans le fonc­tion­ne­ment des dis­po­si­tifs jeu­nesse. Sans eux, ces der­niers seraient des coquilles vides. L’ASASPP repré­sente le levier secou­risme de tous les dis­po­si­tifs jeu­nesse, l’agrément secou­risme de la Bri­gade n’étant uti­li­sable que pour le per­son­nel, elle est inadap­tée à la for­ma­tion civile. Les 50 for­ma­teurs de l’ASASPP uti­li­sés par la sec­tion sont donc des for­ma­teurs Bri­gade qui, pen­dant leurs jours de repos, au tra­vers de leur vaca­tion asso­cia­tive, tra­vaillent pour la Bri­gade et aug­mentent de ce fait leur pou­voir d’achat. L’ANACAPP, quant à elle, s’occupe du dérou­le­ment de nom­breux dis­po­si­tifs comme les CSC ou l’école ouverte. La sec­tion fait glo­ba­le­ment état de sup­port et d’organisation tan­dis que ces asso­cia­tions apportent le volet formation.

Credits

Photos : BSPP

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