DOSSIER — La Brigade à l’âge des robots

Jean Flye —  — Modi­fiée le 20 mai 2022 à 11 h 12 

Grands formats — Le 15 avril 2019, la France découvre le robot REX, combattant les flammes lors de l’incendie de Notre-Dame de Paris. Ce robot symbolise, à lui seul, les progrès technologiques en matière de lutte contre l’incendie. Les procédés innovants avancent à pas de géant. En tant qu’acteur majeur du secours, la brigade de sapeurs-pompiers de Paris a dû prendre part à ce virage technologique.

Dès 2015, sous l’impulsion du com­man­de­ment de la BSPP, la recherche d’un robot capable d’appuyer les sol­dats du feu sur inter­ven­tion est lan­cée. Une seule ques­tion s’est posée : com­ment accroître la sécu­ri­té du sapeur-pom­pier de Paris tout en gagnant en effi­ca­ci­té ? Le bureau études et pros­pec­tive (BEP) s’interroge alors sur l’emploi de la robo­tique. Éloi­gner le sapeur-pom­pier de cer­tains dan­gers, enga­ger plus rapi­de­ment un moyen télé­com­man­dé afin de ralen­tir le déve­lop­pe­ment d’un sinistre ou encore faci­li­ter la pro­gres­sion des équipes en met­tant une « mule » à leur dis­po­si­tion, tels sont les objec­tifs avan­cés. De là vient l’idée de la PROM, pour « pla­te­forme robo­ti­sée mul­ti­fonc­tion ». Conçue par une entre­prise spé­cia­li­sée basée à la Rochelle, en par­te­na­riat avec la BSPP, la PROM (modèle d’expérimentation) est, en fait, une capa­ci­té de trans­port robuste. équi­pée de quatre grosses che­nilles, sur laquelle une gamme de modules tech­no­lo­giques vient se gref­fer, elle apporte ain­si intel­li­gence et poly­va­lence. Ces outils sont autant de moyens d’éloigner l’homme du risque, voire de ne pas l’engager du tout lorsque la situa­tion est trop périlleuse.

Sept ans plus tard, en 2022, les robots ont inves­ti les remises des centres de secours spé­cia­li­sés dans l’exploration longue durée. La PROM a évo­lué et ne res­semble plus tel­le­ment au modèle d’expérimentation de 2015. Conçu par l’entreprise Shark Robo­tics, le REX (robot d’extinction) est livré début 2017 à la BSPP. Son apport consi­dé­rable sur inter­ven­tion lui a valu de deve­nir le sym­bole de cette révo­lu­tion tech­no­lo­gique dans la lutte contre l’incendie.

Outre l’utilisation du REX, l’incendie de Notre-Dame de Paris a mis en lumière la néces­si­té de dis­po­ser de drones aériens sur inter­ven­tion. Dès le prin­temps 2020, le BEP a démar­ré son expé­ri­men­ta­tion sur l’emploi de ces aéro­nefs en appui des opé­ra­tions BSPP. Les dif­fi­cul­tés du sec­teur de la BSPP en matière aéro­nau­tique sont mul­tiples. Les mis­sions de drones se déroulent en géné­ral en milieu urbain dense, dans la zone de contrôle ter­mi­nale des aéro­ports de Paris et de la base aérienne de Vil­la­cou­blay, dans l’espace de nom­breuses héli­sta­tions et dans plu­sieurs aires à sta­tut par­ti­cu­lier inter­dites aux aéro­nefs. Mal­gré toutes ces contraintes géo­gra­phiques et aéro­nau­tiques com­plexes, l’intégration de drones dans l’espace aérien pari­sien est une réus­site. Aujourd’hui, un véri­table pôle drone est ins­tal­lé à Cli­chy, à l’état-major du GAS. Désor­mais, le poten­tiel aérien de la BSPP est immense : les engins volants dis­posent d’un très large spectre de mis­sions et la tech­no­lo­gie avance très rapidement.

LE PARC

REX — Robot d’extinction : Charisme de colosse !

Pho­to : CCH Erwan Thepault

Une grande bouche au large sou­rire capable de pous­ser près d’une tonne. Un nez en forme de lance apte à envoyer près de 2 000 litres d’eau par minute. Des yeux supers puis­sants capables d’observer à 360° de jour, comme de nuit. REX a un phy­sique rouge saillant et une allure cha­ris­ma­tique. En ser­vice à la Bri­gade depuis 2017, REX est l’aîné de la famille des robots. Il est aus­si le plus expé­ri­men­té. Ces nom­breuses inter­ven­tions pour feux d’entrepôts et de parcs de sta­tion­ne­ment cou­vert font de lui un atout fort pré­cieux pour le com­man­de­ment des opé­ra­tions de secours.
Son inter­ven­tion pré­fé­rée reste celle qui l’a mis en lumière aux yeux du monde entier : l’incendie de la cathé­drale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019. Ce jour-là, il fut l’un des sym­boles du sau­ve­tage du monu­ment. Résis­tant aux très hautes tem­pé­ra­tures, capable de fran­chir l’infranchissable et doté de bat­te­ries lui confé­rant une auto­no­mie de plus huit heures, REX est deve­nu un équi­pier sur qui on peut comp­ter. Aujourd’hui, il est affec­té au centre de secours Issy-les-Mou­li­neaux avec les ELD où il fait un tra­vail remar­quable. La Bri­gade en est fière. Tel­le­ment fière qu’elle s’est aus­si dotée du petit frère, REX 2, arri­vé en 2021 au centre de secours ELD du Blanc-Mes­nil. Celui-ci, gris métal­li­sé, dis­pose de légères mises à jour, mais l’esprit reste le même. REX 1er est âgé de seule­ment six ans, mais il fait déjà par­tie des anciens, au regard des avan­cées tech­no­lo­giques de ces der­nières années. Pro­chai­ne­ment, REX pour­rait évo­luer sen­si­ble­ment. Peut-être dis­po­se­ra-t-il de nou­veaux cap­teurs ou outils ? Peut-être sera-t-il capable d’évoluer seul dans un envi­ron­ne­ment, de détec­ter et d’éteindre un foyer d’incendie sans aucune aide exté­rieure ? Tou­jours est-il que REX a encore de belles années devant lui !

PROM — Plateforme robotisée modulaire : Sacrée (mar)mûle !

Pho­to CCH Mickaël Lefèvre

PROM est la pla­te­forme robo­ti­sée mul­ti­fonc­tion de la Bri­gade. Il en existe actuel­le­ment trois sur le sec­teur. Une bleue, une blanche et une rouge. Elles sont affec­tées dans les trois centres de secours ELD de la BSPP. Sûre­ment moins cha­ris­ma­tique que REX, PROM dis­pose tout de même des qua­li­tés de son grand frère, mais avec la modu­la­ri­té en plus. On peut donc lui gref­fer beau­coup de maté­riel ! Grâce à sa bar­quette orange, elle peut assu­rer une fonc­tion de trans­port de vic­times et de maté­riels d’extinction. Plu­sieurs évo­lu­tions sont pos­sibles, elle pour­rait notam­ment être gref­fée de bou­teilles d’air per­met­tant aux sol­dats du feu de par­tir en recon­nais­sance plus loin et plus long­temps. La PROM est régu­liè­re­ment uti­li­sée par les équipes ELD lors d’engagements en chan­tier sou­ter­rain, lors d’in­ter­ven­tions pour feu ou secours d’urgence à per­sonnes. Équi­pée d’une conduite et d’un rac­cord d’alimentation, il est même pos­sible d’y mettre en œuvre une lance canon portable !

Sergent Cédric F. ” PROM ET REX, UNE SENSATION DE PUISSANCE

Véri­tables atouts pour le com­man­dant des opé­ra­tions de secours, les robots PROM et REX font par­tie de la famille du centre de secours Issy-les-Mou­li­neaux. Le ser­gent Cédric Ferez, 31 ans, véri­table pas­sion­né, nous les présente.

Picard d’origine, il est affec­té au centre de secours d’Issy-les-Moulineaux (92) depuis sep­tembre 2021. Du haut de ses dix ans de ser­vice, il est chef de garde incen­die dans l’un des trois centres de secours explo­ra­tion longue durée (ELD) que compte la BSPP. La com­po­sante ELD consti­tue la réponse opé­ra­tion­nelle en cas d’intervention dans des envi­ron­ne­ments aux che­mi­ne­ments longs, com­plexes ou exi­gus. Comme tous ses cama­rades du centre de secours, il a été sélec­tion­né, for­mé et est entraî­né à évo­luer spé­ci­fi­que­ment avec des équi­pe­ments et des moyens adap­tés aux condi­tions extrêmes du milieu clos.
Depuis main­te­nant quelques années, le centre de secours s’est vu ren­for­cé par la pré­sence de deux sol­dats du feu robo­ti­sés, l’un s’appelle REX, l’autre PROM. Comme tous les mili­taires du centre de secours, le ser­gent Cédric est aus­si pilote de ces deux robots. « La pre­mière fois que j’ai pilo­té le REX, c’était au stage ELD » se sou­vient-il. Pour lui, pilo­ter ces deux robots est une vraie chance, « c’est du maté­riel de pointe et sen­sible » évoque-t-il. Plus que du maté­riel, le ser­gent Ferez consi­dère ces deux machines comme un vrai binôme. « Ils sont tous les deux com­plé­men­taires, mais peuvent aus­si être uti­li­sés tout seul » ajoute le ser­gent. « Sur inter­ven­tion, lorsque l’on demande le robot, c’est que la mis­sion est impor­tante. Les robots apportent une vraie plus-value et sont de véri­tables atouts pour le com­man­dant des opé­ra­tions de secours » pré­cise-t-il.
La pre­mière fois qu’il a pilo­té le robot sur inter­ven­tion, c’était lors d’un feu de par­king sou­ter­rain. « Nous n’avons pas uti­li­sé la lance, sim­ple­ment l’éclairage, afin de sécu­ri­ser l’intervention des pre­miers inter­ve­nants. » Doté d’un sys­tème d’éclairage très puis­sant, le REX comme la PROM per­mettent en effet de faci­li­ter le che­mi­ne­ment des inter­ve­nants notam­ment lors de feu dans des par­kings sou­ter­rains. Au-delà de sa capa­ci­té d’éclairage et de sa lance, le REX dis­pose d’un bélier. Celui-ci lui per­met de pous­ser tous types de débris blo­quant le che­mi­ne­ment des équipes.
Lorsque l’on demande au ser­gent quel robot il pré­fère, il hésite, mais fina­le­ment, son cœur balance : « lorsque nous enga­geons le REX, nous savons qu’il y a quelque chose d’important qui brûle, et c’est cela qui nous sti­mule le plus. C’est aus­si le pre­mier robot arri­vé à la BSPP. La PROM est aus­si un bel outil qui ne demande qu’à évo­luer. Elle est plus poly­va­lente que le REX » pour­suit le sous-offi­cier. « La PROM va nous per­mettre de trans­por­ter beau­coup de maté­riel, elle nous sert aus­si de palier lors de pro­gres­sions dans des tun­nels. Avec la PROM, nous pou­vons par­tir en recon­nais­sance plus loin et plus long­temps ». Télé­com­mande en main, le ser­gent évoque avec le sou­rire une cer­taine sen­sa­tion de puis­sance. Mon­tés sur che­nilles, ces robots sont capables de tra­ver­ser beau­coup d’embûches pour atteindre leur objec­tif.
Le ser­gent Cédric Ferez est très atta­ché à ses robots, il les trouve déjà très per­for­mants. Dans un ave­nir rela­ti­ve­ment proche, il s’imagine, pour­quoi pas, par­tir sur inter­ven­tion avec un robot capable de faire du secours à vic­times et de réa­li­ser des bran­car­dages. Aujourd’hui, en 2022, REX et PROM ne sont pas très âgés, mais la tech­no­lo­gie évo­lue si vite que nous ne serions pas éton­nés de voir, pro­chai­ne­ment, un petit frère arri­ver. Celui-là pour­rait être plus petit, plus puis­sant et même capable de réa­li­ser une mis­sion tout seul, sans pilote… Rien n’est encore pré­vu, mais tout peut arriver !

RAP — Robot d’appui polyvalent : Puissance compacte

pho­to CPL Cyrille Nicolas

Le RAP est le moins connu des robots en ser­vice à la Bri­gade. Arri­vé pen­dant la crise sani­taire, il est capable de rem­plir de nom­breuses mis­sions. RAP res­semble beau­coup à PROM, mais il est plus com­pact et fait envi­ron 300kg de moins. Aus­si modu­lable que PROM, sa qua­li­té réside dans la rapi­di­té à chan­ger d’interface. Canon à eau de 1 000 litres, porte bran­card, puri­fi­ca­teur d’air à rayon UVC, tou­relle vidéo 180°, kit de dés­in­fec­tion spé­cial Covid-19 ou panière de trans­port d’équipements : le RAP est extrê­me­ment modu­lable et c’est cela qui fait son inté­rêt. En trente secondes, il est pos­sible de chan­ger d’interface. En plus de ces fonc­tions, il est pos­sible de faire de la trans­mis­sion radio longue dis­tance ou d’installer des cap­teurs NRBC. Il dis­pose d’une capa­ci­té de trac­tion de 250 kg et d’emport de 200 kg. Aujourd’hui affec­té à l’état-major du grou­pe­ment des appuis et de secours, l’utilisation du RAP n’est pas opti­mi­sée. Cou­rant avril 2022, le RAP a rejoint une expé­ri­men­ta­tion menée par le bureau études et pros­pec­tive. L’idée est de tes­ter cette pla­te­forme robo­ti­sée sur des mis­sions de recon­nais­sances et d’observer la plus-value sur intervention.

Nerva : Fiable et robuste

Tout der­nier robot arri­vé à la Bri­gade, le NERVA n’est pas encore tout à fait opé­ra­tion­nel. Tout petit et très léger (5 kg), il peut se fau­fi­ler par­tout. Le NERVA est équi­pé de quatre roues ou de che­nilles. Il est extrê­me­ment modu­laire et peut être doté d’une gamme consé­quente de charges utiles, le ren­dant par­fai­te­ment adap­tables à tout type de mis­sion. Par­ti­cu­liè­re­ment appro­prié à la recon­nais­sance en zone dan­ge­reuse, NERVA est capable de car­to­gra­phier un bâti­ment, de détec­ter d’éventuelles vic­times ou sources NRBC. Véri­table cou­teau-suisse télé­gui­dé, faci­le­ment trans­por­table et pro­gres­sant à une vitesse maxi­male de 13 km/​h, ce robot s’adapte à la dyna­mique des opé­ra­tions de secours. Encore novice sur inter­ven­tion, NERVA est depuis peu expé­ri­men­té par le BEP sur opé­ra­tion au côté du RAP.

MAVIC 2 : Légèreté et rapidité

Pho­to CPL Jean Flye

Ce petit drone est doté d’un sys­tème de détec­tion d’obstacles et d’un cap­teur ther­mique radio­mé­trique inté­gré. Il est le drone opé­ra­tion­nel le plus uti­li­sé par les télé-pilotes du GAS et réa­lise près de 80 % des mis­sions. Le MAVIC est capable d’emporter une charge utile de 400 grammes et peut voler jusqu’à 72 km/​h. Il peut être doté d’un spot d’éclairage puis­sant et d’un haut-par­leur. Feux d’entrepôts ou d’appartements, recherches de per­sonnes : l’efficacité des drones sur inter­ven­tion n’est plus à prou­ver. Volant de jour comme de nuit, pen­dant une durée de 31 minutes, MAVIC est une aide pré­cieuse pour le com­man­dant des opé­ra­tions de secours.

Caporal-chef Aurélien S. “INTERVENTION DE HAUT VOL !”

À bien­tôt qua­torze ans de ser­vice, le capo­ral-chef Auré­lien Simon est deve­nu aujourd’hui un pilier du pôle drone de la BSPP. Il nous fait décou­vrir son métier.

« Après dix ans en com­pa­gnie d’incendie au sein du pre­mier grou­pe­ment, j’ai sou­hai­té m’orienter vers le grou­pe­ment d’appuis et de secours (GAS) » entame le mili­taire du rang. Atti­ré par la spé­cia­li­té RSMU, il rejoint l’état-major du GAS à Cli­chy (92) puis réa­lise le stage sau­ve­tage déblaie­ment de niveau 1. Comme il est pas­sion­né d’aéronautique et déten­teur d’un bre­vet d’ULM, son chef de corps lui pro­pose quelques mois plus tard d’intégrer l’expérimentation des drones à la BSPP et d’être ain­si for­mé à leur uti­li­sa­tion.
Le capo­ral-chef Auré­lien accepte la pro­po­si­tion et réa­lise le stage télé-pilote de drone à la fin de l’année 2018. « Les régle­men­ta­tions de vol, la météo­ro­lo­gie et plein d’autres domaines sont simi­laires entre les drones et l’ULM » explique-t-il. Il réus­sit brillam­ment le stage et, début 2019, il est breveté.

Deux ans après le début de l’expérimentation, sous la res­pon­sa­bi­li­té de l’adjudant Cyril Kno­ckaert, le pôle drone s’est étof­fé et a gagné en expé­rience du ter­rain. « Aujourd’hui, nous sommes sept télé-pilotes, nous tour­nons en sys­tème de garde. La jour­née est clas­sique, le sport, la manœuvre, le tra­vail dans les ser­vices, tout est comme dans un centre de secours clas­sique » déve­loppe le capo­ral-chef Auré­lien. Pour armer le véhi­cule de recon­nais­sance et d’intervention drone (VRID), il faut un chef d’agrès et un télé-pilote. Le chef d’agrès est char­gé, sur inter­ven­tion, de faire les demandes d’autorisations du vol et de veiller à la sécu­ri­té du binôme, c’est sur­tout lui qui échange avec le com­man­dant des opé­ra­tions de secours.
Le VRID réa­lise près de 400 inter­ven­tions à l’année et décale pour plus d’une quin­zaine de motifs. « Nous par­tons pour tous types de ren­forts sur feu, des pol­lu­tions aqua­tique, des recherches de per­sonnes éga­rées ou pour un ébou­le­ment » pré­cise le capo­ral-chef. « Très sou­vent, sur une inter­ven­tion dimen­sion­nante, le COS va regar­der les images que l’on fait pour adap­ter le dis­po­si­tif de secours. L’appui des drones sur inter­ven­tion est aujourd’hui deve­nu une réelle plus-value sur les inter­ven­tions majeures. »

L’une de ses inter­ven­tions par­ti­cu­lières fut un départ pour un feu dans un îlot d’immeubles assez com­plexe. Sur place, les sol­dats du feu effec­tuent de nom­breuses recon­nais­sances pour loca­li­ser le foyer, mais aucune ne s’avère fruc­tueuse. « Le COS a alors fait appel à nous afin d’appuyer les recon­nais­sances. Mal­gré la pluie, nous avons fait décol­ler le drone et, en quelques minutes, à l’aide de la camé­ra ther­mique inté­grée, nous avons loca­li­sé le foyer dans une chambre de bonne. Le COS a donc pu ré-arti­cu­ler son dis­po­si­tif de façon à atta­quer l’incendie de la meilleure des manières. »

Doté d’une belle expé­rience opé­ra­tion­nelle, le capo­ral-chef Auré­lien sou­hai­te­rait pour­suivre son évo­lu­tion au sein du pôle drone et conti­nuer à faire gran­dir la spé­cia­li­té. Nous lui sou­hai­tons une belle continuation.

MATRICE 210 : Stable et solide

Pho­to CCH Mickaël Lefèvre

Plus impo­sant que le MAVIC, ce drone est de caté­go­rie supé­rieure. Son gaba­rit per­met une meilleure sta­bi­li­té face au vent. Pré­co­ni­sé pour un usage prin­ci­pa­le­ment en zone dépeu­plée, le Matrice 210 a la pos­si­bi­li­té d’accueillir deux camé­ras. Il peut faci­le­ment empor­ter une charge utile de deux kilo­grammes. En cas de pro­blème, le Matrice 210 est aus­si équi­pé de para­chutes inté­grés. Filant à près de 81 km/​h pen­dant 34 min, le MATRICE 210 est capable de rem­plir de nom­breuses mis­sions de haut vol.

EVO II : Souplesse et haute définition

EVO II est un drone de prises de vues par­ti­cu­liè­re­ment com­plet, effi­cace, capable de reve­nir d’une séance de vol avec des images en très haute défi­ni­tion. Sa détec­tion des obs­tacles à 360° sécu­rise le pilo­tage et per­met de se concen­trer sur les prises de vues. La res­sem­blance est trou­blante avec le MAVIC. Impo­sant lorsque les hélices sont dépliées, il reste pour­tant très facile à trans­por­ter lorsque ses bras sont repliés. EVO II est capable de se dépla­cer à près de 70 km/​h et peut voler sur un temps maxi­mal de près de 40 minutes.

UN AVENIR ROBOTISÉ

Afin d’imaginer quel pour­rait-être l’avenir de la robo­tique à la BSPP, nous avons fait appel aux mili­taires du bureau études et pros­pec­tive. Entre vision futu­riste et expé­ri­men­ta­tion envi­sa­gée à court terme, voi­ci quelques idées d’évolutions qui pour­raient bien arri­ver dans nos casernes, à plus ou moins long terme !

Mini-char d’extinction

Déve­lop­pé par une entre­prise esto­nienne, ce robot pom­pier est doté d’une lance grande puis­sance (3 000 l/​min). Ce mini-char est conçu pour être uti­li­sé pour l’extinction des incen­dies indus­triels, d’entrepôts, de tun­nels et de forêts. Il dis­pose de quatre conduites d’eau sous pres­sion der­rière lui assu­rant un débit d’eau et de mousse maxi­mal pour l’extinction. La BSPP veille ce concept de mini-char et réflé­chit avec ses par­te­naires à l’évolution de ce robot afin qu’il puisse être équi­pé, à l’avenir, d’une lame de chasse neige, voire d’un bras robo­ti­sé. Ce bras, capable de per­cer une dalle de béton, per­met­trait la réa­li­sa­tion de trouées et de lignes d’arrêts lors d’un feu d’entrepôt ou de parc de sta­tion­ne­ment couvert.

Largage par drone

Une étude du bureau médi­cal d’urgence a esti­mé le nombre d’arrêts car­dio-res­pi­ra­toire (ACR) à 3 500 par an sur le sec­teur de la BSPP. Sur ces 3 500 ACR, on estime que nous pour­rions envoyer un drone auto­nome équi­pé d’un défi­bril­la­teur sur envi­ron 1 000 cas et donc don­ner près de 50 % de chance sup­plé­men­taire à près de 1 000 vic­times par an. C’est énorme !
Par ailleurs, d’ici la fin de l’année 2022, la BSPP espère pou­voir tes­ter sur la Seine et ses abords, un drone auto­nome capable de lar­guer une bouée de sau­ve­tage. Le lan­ce­ment d’un drone de ce type néces­site une matu­ra­tion tech­no­lo­gique assez consé­quente. D’une part, il doit être capable de por­ter et de lar­guer une charge, de voler d’un point A à un point B en toute auto­no­mie mais aus­si, et sur­tout, de faire tout cela au-des­sus de la ville de Paris, ce qui n’a encore jamais été fait ! Tout n’est pas encore au point mais la BSPP avance vite !

Rendre les robots autonomes

Aujourd’hui, nous par­lons de robots mais en réa­li­té ce sont des vec­teurs télé­opé­rés. La dif­fé­rence entre robots et vec­teurs télé­opé­rés se situe dans l’autonomie. En effet, le robot a une mis­sion et il l’effectue seul sans aide humaine alors qu’un vec­teur télé­opé­ré n’est ni plus, ni moins, qu’une grosse voi­ture télé­com­man­dée. Trans­for­mer un vec­teur télé­opé­ré en robot auto­nome néces­site une grosse matu­ra­tion tech­no­lo­gique. À l’heure actuelle, sur inter­ven­tion, nous déployons un robot avec un opé­ra­teur. Cet opé­ra­teur s’engage dans un envi­ron­ne­ment tout aus­si dan­ge­reux que le robot et cela entame une par­tie de la capa­ci­té humaine sur inter­ven­tion. Le but ultime serait de n’engager que le robot. Cette machine devrait alors être dotée de cap­teurs intel­li­gents per­met­tant de détec­ter seuls un foyer d’incendie mais aus­si de ren­voyer l’information au com­man­dant des opé­ra­tions de secours via un canal de com­mu­ni­ca­tion adé­quat. La Bri­gade y tra­vaille mais cela risque de prendre encore un peu de temps !

Les exosquelettes

La BSPP a déjà expé­ri­men­té l’usage des exos­que­lettes, mais à l’heure actuelle la tech­no­lo­gie n’est pas encore plei­ne­ment adap­tée au pom­pier de Paris. Il existe aujourd’hui deux grands concepts d’exosquelette.

Les exos­que­lettes pas­sifs ont la carac­té­ris­tique prin­ci­pale de ne pas pos­sé­der de moto­ri­sa­tion. Ils fonc­tionnent en sto­ckant et en res­ti­tuant l’énergie méca­nique récol­tée par le mou­ve­ment de l’utilisateur. Ain­si, ils opti­misent le main­tien d’une pos­ture incon­for­table, faci­litent le port de charges mas­sives et per­mettent l’exécution de gestes répé­ti­tifs. Il peut s’agir d’aider une per­sonne à gar­der les bras en l’air ou à sup­por­ter des flexions répé­ti­tives du tronc. Cette tech­no­lo­gie est adap­tée lorsque l’utilisateur est en pos­ture sta­tique ou lors de la réa­li­sa­tion de gestes très nor­més. Or le pom­pier de Paris est très sou­vent en pos­ture dyna­mique, quelle que soit son activité.

Les exos­que­lettes actifs ont la par­ti­cu­la­ri­té d’intégrer des élé­ments moto­ri­sés, des arti­cu­la­tions, des sources d’énergie ain­si que des com­po­sants élec­tro­niques. Ils sont capables de four­nir un sou­tien de force total voire d’amplifier les capa­ci­tés phy­siques de l’utilisateur. Grâce à l’énergie de la bat­te­rie, les mou­ve­ments de l’utilisateur sont moins fati­gants. Pas encore réel­le­ment adap­té au pom­pier de Paris sur inter­ven­tion pour feu, l’exosquelette actif pour­rait bien être utile lors d’interventions pour secours à vic­times ou pour bran­car­dage, mais aus­si dans l’environnement du sou­tien notam­ment chez des manu­ten­tion­naires. Rien ne dit qu’à l’avenir, les logis­ti­ciens de la BSPP ne soient pas équi­pés de telles machines !

SGT Sébas­tien Asensio

Un Iron-pompier ?

Qui n’a jamais rêvé d’avoir la même armure qu’Iron Man ? Pour­quoi ne pour­rait-on pas créer une armure des­ti­née au sapeur-pom­pier de Paris ?

Il pour­rait être capable de voler à la vitesse du son, de sau­ter jusqu’au 18e étage d’une tour en feu pour effec­tuer un sau­ve­tage ou même de rete­nir un camion semi-remorque qui menace de tom­ber d’un pont. La réponse ne va pas vous plaire !

L’Iron-pompier est une chi­mère. Tout sim­ple­ment car c’est phy­si­que­ment impos­sible. Cela s’explique par le fait que le corps humain ne peut pas sup­por­ter de tels chocs. Les séquelles sur les organes seraient bien trop impor­tantes. Une armure capable de voler reste tou­te­fois ima­gi­nable, mais il fau­drait une quan­ti­té très impor­tante de car­bu­rant pour ne tenir que quelques minutes. Qui plus est, l’homme qui serait à l’intérieur ne pour­rait pas sup­por­ter de telles accé­lé­ra­tions durant un aus­si long moment. Pour infor­ma­tion, les avions de chasse peuvent atteindre des vitesses avoi­si­nant les 2 000 km/​h, mais les pilotes doivent suivre des mil­liers d’heures d’entraînement avant de pou­voir pilo­ter ce type d’avion. Si les navettes spa­tiales peuvent avoi­si­ner des vitesses de 40 000 km/​h, leur struc­ture ultra impo­sante et la taille des réac­teurs ne peuvent être com­pa­rées avec une simple armure.

L’armure en titane résis­te­ra, quant à elle, quelques minutes à la cha­leur d’un incen­die, mais le pom­pier à l’intérieur, lui, ne pour­ra pas résis­ter bien long­temps. Nous pour­rions avoir toute la tech­no­lo­gie du monde, notre corps humain est en inca­pa­ci­té d’encaisser ce qu’Iron Man encaisse et c’est tout cela qui fait le charme de la science-fiction !


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