LES NOUVEAUX CHEFS DE CORPS (3/​3) — LCL Antchandiet-N’Komah au GFIS

Maxime Gri­maud —  — Modi­fiée le 23 sep­tembre 2021 à 01 h 59 

Web-série — Un parcours atypique et une carrière militaire placée sous le signe de la formation et de la transmission de savoirs. Le lieutenant-colonel Gilbert Antchandiet‑N’Komah nous raconte son histoire, pleine de rebondissements.

Cette prise de fonc­tion atteste d’une cer­taine cohé­rence dans mon par­cours ». Force tran­quille et bien­veillance natu­relle se dégagent de la voix pro­fonde et cha­leu­reuse de cet homme marié, père de trois enfants. Né à Libre­ville au Gabon en 1969, le jeune Gil­bert se pré­des­tine très tôt à por­ter l’uniforme. « Mes deux parents étaient offi­ciers de l’armée gabo­naise. L’horoscope pater­nel me pré­co­ni­sait donc une car­rière mili­taire ou diplo­ma­tique. J’ai été reçu pour mon grand bon­heur au Lycée mili­taire d’Autun, se remé­more-t-il amu­sé. À l’âge de quinze ans, je suis arri­vé en France ma valise sous le bras, très heu­reux et… un peu per­du ! » Élève à titre étran­ger, l’adolescent devient un enfant de troupe, passe son bac­ca­lau­réat, intègre une pré­pa mili­taire puis Saint-Cyr en 1993. « Je passe trois années excep­tion­nelles, for­geant ma volon­té de ser­vir et de com­man­der. Puis une année sup­plé­men­taire à l’École supé­rieure et d’application du génie (ESAG). » Sans même son­ger aux pom­piers de Paris, il est déjà un sapeur du Génie.

Une fois sa for­ma­tion ache­vée en 1997, le jeune lieu­te­nant intègre l’armée gabo­naise au sein de la com­pa­gnie des tra­vaux du génie. Pour­tant, un évé­ne­ment majeur va bou­le­ver­ser sa car­rière six mois plus tard. « Le Congo tombe dans une guerre civile meur­trière et l’on me désigne pour com­man­der un déta­che­ment d’infanterie d’une cin­quan­taine d’hommes. » Leur mis­sion consiste alors à sécu­ri­ser les fron­tières et pro­té­ger les popu­la­tions. « La guerre occa­sionne des bou­le­ver­se­ments démo­gra­phiques, des déra­ci­ne­ments et des drames qu’on n’imagine pas. En réa­li­té, je ne pen­sais pas être confron­té aux dures réa­li­tés du com­bat et du feu, si tôt après ma sor­tie d’école. »

À l’issue de cette mis­sion, le mili­taire retrouve sa com­pa­gnie d’origine. Pen­dant un an, il réa­lise des manœuvres inter­na­tio­nales dans le cadre du ren­for­ce­ment des capa­ci­tés afri­caines de main­tien de la paix (RECAMP). En 1999, le minis­tère de la Défense gabo­nais lui confie une tâche ambi­tieuse : créer une école d’enfants de troupe à Libre­ville. « En par­tant d’une feuille blanche, je m’inspire de mon expé­rience, de mes connais­sances, de l’observation du contexte et des réa­li­tés de l’armée gabo­naise pour créer cette école à voca­tion régio­nale. » Après deux ans de tra­vail, le Pry­ta­née mili­taire de Libre­ville sort de terre. « Elle est aujourd’hui la meilleure école publique du Gabon, se féli­cite-t-il. Cette étape marque les pré­mices de mon enga­ge­ment dans l’instruction et la formation. »

Pour des rai­sons per­son­nelles, l’officier démis­sionne de l’armée gabo­naise, s’engage sous le dra­peau fran­çais et intègre la BSPP. « Après cer­taines tri­bu­la­tions, je res­sen­tais un besoin de ser­vir autre­ment, je vou­lais aider la popu­la­tion civile en sachant que la BSPP cor­res­pon­drait à mes attentes. » À la suite de sa for­ma­tion ini­tiale d’officier (FIO), il rejoint la 17e com­pa­gnie d’incendie et de secours. « Je découvre ain­si le métier exal­tant de pom­pier de Paris, de chef de garde et d’officier de garde com­pa­gnie, pour­suit-il. Pen­dant 5 ans, j’assure la fonc­tion de 4e offi­cier puis de 3e officier. »

Ethique et déon­to­lo­gie
En 2006, le mili­taire est affec­té au GFI, futur GFIS, en qua­li­té d’officier adjoint de l’imposant centre d’instruction des recrues (CIR). Un an plus tard, il devient le pre­mier com­man­dant d’unité de la com­pa­gnie de for­ma­tion n°1 (CDF1). « Durant trois ans, je mets en pra­tique mon expé­rience de la for­ma­tion et de l’instruction pour les recrues. De 2010 à 2013, j’effectue un pas­sage à l’EM GFIS en qua­li­té d’officier supé­rieur adjoint. » Par la suite, l’officier mute à l’état-major des armées en 2013. « Je suis affec­té en qua­li­té d’expert en pré­ven­tion et pro­tec­tion contre les incen­dies et réfé­rent natio­nal des ouvrages enter­rés à voca­tion opé­ra­tion­nelle. Cette mis­sion exal­tante me per­met de décou­vrir d’autres aspects de la pro­tec­tion incen­die. J’apporte éga­le­ment, dans le cadre de cette affec­ta­tion, mon appui aux uni­tés mili­taires, qu’elles soient en France métro­po­li­taine, au sein des élé­ments fran­çais à l’étranger ou en Outre-mer ». Retour à la BSPP en 2017 pour deve­nir le com­man­dant adjoint au bureau ingé­nie­rie de la for­ma­tion (BIF). Deux ans plus tard, c’est au bureau res­sources humaines (BORH) qu’il assure la fonc­tion d’adjoint au chef de bureau.

J’ai la volon­té de ren­for­cer la part faite à l’éthique et à la déontologie

En juin 2021, le lieu­te­nant-colo­nel Antchandiet‑N’Komah est nom­mé chef de corps du 6e grou­pe­ment. « Le GFIS c’est le cœur bat­tant de la for­ma­tion à la BSPP. Pour les jeunes et les moins jeunes, c’est l’école de la vie, de la pre­mière fois. Le GFIS, accueille, éduque, forme, modé­lise, façonne ou pré­pare la res­source qu’il met à dis­po­si­tion des uni­tés opé­ra­tion­nelles pour le com­bat direct ou des uni­tés de sou­tien pour l’emploi dans les com­pa­gnies dites métiers. » Face à la crise de la Covid-19, le grou­pe­ment s’est par­ti­cu­liè­re­ment impli­qué afin d’assurer la conti­nui­té des for­ma­tions. « Je tiens à saluer le colo­nel Des­table et ses équipes qui ont su faire face à la menace pen­dant la crise sanitaire. »

« Aujourd’hui, mon objec­tif consiste à assu­rer la conti­nui­té des ensei­gne­ments aus­si bien au niveau de la qua­li­té que de la den­si­té. Pour ce faire, je compte inévi­ta­ble­ment m’appuyer sur le déve­lop­pe­ment de nos ensei­gne­ments numé­riques. J’ai éga­le­ment la volon­té de ren­for­cer la part faite à l’éthique et à la déon­to­lo­gie. Ces piliers sont essen­tiels dans l’accomplissement de notre beau métier, un qua­si sacer­doce. » Un autre défi de taille attend éga­le­ment le colo­nel : le démé­na­ge­ment vers le site Limeil-Bré­vannes-Valen­ton d’ici 2022. « Je serai cer­tai­ne­ment le pre­mier chef de corps à prendre pieds à LVV », conclut-il avec humour.


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