WEB-SERIE SPORT (4/​4) & HISTOIRE – Sapeurs-pompiers de Paris, champions du monde

Web-série — Du lutteur Henri Deglane au cycliste Robert Marchand, découvrez en conclusion de notre mois du sport, quelques pompiers de Paris qui ont marché sur les toits… du monde en décrochant des médailles olympiques et des titres mondiaux depuis les années 20.

Damien Gre­nèche —  — Modi­fiée le 4 mai 2021 à 03 h 53 

Les Champions

Henri Deglane : 1924 & 1931

Hen­ri Deglane est le pre­mier de nos grands cham­pions du monde. Il s’engage chez les pom­piers de Paris en 1921, où il res­ta jusqu’en 1925. Doté d’une force inouïe dès l’enfance, il met à pro­fit ses apti­tudes pour le Régi­ment, mais éga­le­ment en menant une car­rière de lut­teur. Ce colosse de 104 kg pour 1 m 73, aux men­su­ra­tions phé­no­mé­nales, rem­porte la médaille d’or aux JO de 1924 à Paris après 26 minutes de com­bat. Il obtient même un titre de cham­pion du monde en 1931. Après avoir mené sa car­rière spor­tive pro­fes­sion­nelle outre-manche, « au-delà de la mer aux harengs » comme il le disait lui-même, Deglane intro­duit la pra­tique du catch en France, et ter­mine sa vie sur la côte médi­ter­ra­néenne dans les années 1960. Bizar­re­ment ce res­tau­ra­teur du Cap d’Agde ne déplo­ra aucun cas de « res­to-bas­ket » (clients par­tis sans payer l’addition) !

Roger Michelot : 1936

Le boxeur Roger Miche­lot, déçu de sa qua­trième place sous le soleil écra­sant de Los Angeles en 1932 où il refuse par orgueil de mon­ter sur le ring pour la troi­sième place. Il obtient sa revanche et décroche la médaille d’or quatre ans plus tard à Ber­lin sur les terres de son adver­saire, l’Allemand Richard Vogt, par une vic­toire aux points. Comme qui dirait : « tout vient à point à qui sait taper des poings » !

Henri Caron : 1949, 1953, 1955, 1959 & 1962

Hen­ri Caron ne s’est pas illus­tré en cou­rant mais en mar­chant ! Et c’est au club du CO Auber­vil­liers qu’il découvre la com­pé­ti­tion de haut-niveau. Mul­tiple cham­pion de France, d’Europe, du monde, il est éga­le­ment fina­liste aux JO de 1948 en Suisse. Avec de nom­breux exploits sur route comme sur piste, il fut cinq fois cham­pion du monde (1949, 1953, 1955, 1959 et 1962) et détien­dra bon nombre de records. Ain­si, sur le par­cours Sion-Lau­sanne, il réa­lise les 100 km en 9 h 33, soit une vitesse moyenne de 10,7 km/​h. Sa car­rière qu’il conclut à 39 ans, fût jon­chée de nom­breuses brû­lures au pieds au point d’en avoir plein les bottes…

L’essentiel, c’est de participer…

Maurice Degrelle : 1924

Avec son allure lon­gi­ligne qui sévit sur les pistes d’athlétisme, Mau­rice Degrelle a le pro­fil du par­fait sprin­teur de l’entre-deux guerre. Avec André Mour­lon, son rival de tou­jours, il aura mar­qué le sprint fran­çais des années 20 par trois titres de cham­pion de France et deux par­ti­ci­pa­tions aux JO. A Paris en 1924, il arrive jusqu’en demi-finale du 100 m, en quart de finale du 200 m et par­ti­cipe même à la finale du relais 4 × 100 m. Puis en 1928 à Amster­dam, il est de nou­veau quart de fina­liste sur 200. Non ce n’est pas Usain Bolt et ses 9’‘58 sur 100 m, mais Degrelle aura réa­li­sé un chro­no record hono­rable de 10’’8 (chro­no manuel). Durant sa car­rière de sapeur-pom­pier, il aura été cer­tai­ne­ment le plus rapide à se pré­sen­ter au départ des véhi­cules de secours !

Raymond Mulinghausen : 1948 & 1952

Le plon­geur Ray­mond Mulin­ghau­sen fut au Régi­ment entre 1940 et 1945 à la 8e cie. Tel un ange, il a illu­mi­né les bas­sins de France de ses plon­geons en rem­por­tant vingt titres de cham­pion. Ce séra­phin déploya ses ailes et réa­li­sa ses pirouettes jusqu’en finale des JO de 1948 et 1952. Aujourd’hui de nom­breuses pis­cines portent son nom.

Michel Maquet : 1956, 1960 & 1964

Sur­nom­mé « Bras de fer », Michel Mac­quet a été sapeur-pom­pier de 1950 à 1953. Il pos­sède onze titres de cham­pion de France de jave­lot et ain­si que trois par­ti­ci­pa­tions aux JO en 1956, 1960 et 1964 (où il fût le porte-dra­peau de la délé­ga­tion fran­çaise). Record­man fran­çais en 1961 avec un lan­cer poin­tant à 83,36 m, il échoue à quelques mètres du record du monde déte­nu par l’américain Al Can­tel­lo (86,04 m) ; record qu’il aurait d’ailleurs bat­tu lors d’un entrai­ne­ment sur le vieux stade olym­pique d’A­thènes. Reste à savoir s’il dérou­lait les tuyaux aus­si facilement !

Hors concours…

Robert Marchand : 2012, 2014 et 2017

Enfin, Robert Mar­chand est peut-être le contem­po­rain le plus connu de nos jours. Né en 1911, il fût pom­pier de Paris de 1932 à 1936. D’abord gym­naste, il conquiert rapi­de­ment le monde du cyclisme. En 2012, Robert Mar­chand éta­blit à Lyon le record des 100 kilo­mètres, en 4 h 17 min, après avoir bat­tu quelques mois plus tôt, le mythique record de l’heure sur piste dans la caté­go­rie des… plus de 100 ans ! Il effec­tue ce jour-là le tour d’horloge en par­cou­rant 24.1 km. Non content de cet exploit, il remet ça deux ans plus pour atteindre la dis­tance de 26,927 km. En 2017, il bat (ou plu­tôt éta­blit) le record des plus de… 105 ans !

Aujourd’hui cet homme cen­te­naire est incom­pa­rable dans une caté­go­rie qui compte peu de membres. Cela n’enlève rien à son incroyable condi­tion phy­sique pour son âge avancé.


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Photos : DR

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