FORMATION INITIALE RÉNOVÉE : chef d’équipe, tu deviendras…

#BrigadeInside — Le groupement de formation d’instruction et de secours (GFIS) rénove sa formation initiale. Désormais, les recrues du fort de Villeneuve-Saint-Georges seront formées aux techniques de chef d’équipe. Cette formation permettra de donner un niveau de qualification technique supérieur au binôme lors d’un engagement sur feu. Le capitaine Philippe L. P., commandant adjoint de la compagnie de formation n°1 (CDF1), nous explique les tenants et les aboutissants de ce projet.

Jean Flye —  — Modi­fiée le 4 mai 2021 à 05 h 19 

La BSPP s’est tou­jours ins­crite dans une démarche d’optimisation de son par­cours de for­ma­tion. Ain­si, pen­dant des décen­nies, la for­ma­tion ini­tiale s’est foca­li­sée sur la fonc­tion d’équipier alors que dans le cadre de l’apprentissage du tra­vail du binôme, lors des mises en situa­tion pro­fes­sion­nelle, la recrue occupe alter­na­ti­ve­ment la fonc­tion d’équipier et de chef d’équipe.

« Nom­breux sont les sapeurs de pre­mière classe ayant déjà pris des fonc­tions de chef d’équipe en com­pa­gnie d’incendie » sou­ligne le capi­taine. Seule­ment, ce rôle doit être prin­ci­pa­le­ment attri­bué à un gra­dé, soit capo­ral, soit capo­ral-chef. En effet, lors de sa for­ma­tion au pelo­ton des élèves capo­raux (PEC), le futur gra­dé apprend non seule­ment à deve­nir un chef en opé­ra­tion, mais il assi­mile aus­si des tech­niques spé­ci­fiques à la fonc­tion de chef d’équipe. Ces tech­niques-là ne sont pas apprises par les recrues lors de leur for­ma­tion initiale.

Le prin­cipe de cette réforme est donc de valo­ri­ser le temps pas­sé dans les fonc­tions de chef d’équipe en éva­luant un double niveau de compétence.

Com­ment for­mer les recrues à la mise en œuvre de ces tech­niques à empreinte for­ma­tive constante ? Sous l’impulsion du capi­taine, le groupe de tra­vail se lance afin de pou­voir répondre à cette ques­tion. L’année 2020 est, quant à elle, bou­le­ver­sée par une pan­dé­mie mon­diale. Le fort de Vil­le­neuve-Saint-Georges se vide, les recrues sont ven­ti­lées, plus aucun chant ne résonne sous les voûtes. L’occasion est par­faite pour enta­mer un tra­vail de fond et réno­ver la for­ma­tion initiale.

Cave à fumées — Villeneuve-Saint-Georges

Les objec­tifs de cette réforme sont mul­tiples, mais le prin­ci­pal est de don­ner au binôme un niveau de qua­li­fi­ca­tion tech­nique et men­tal supé­rieur lors de son enga­ge­ment sur feu. « Cela nous per­met de gagner en sécu­ri­té pour le chef, le ser­vant, mais aus­si pour le citoyen. » Au prix de nom­breuses heures de réflexion, le com­man­de­ment de la CDF1 pro­pose une solu­tion opti­male garan­tis­sant un niveau de per­for­mance com­pa­tible à un enga­ge­ment opé­ra­tion­nel au terme de quatre mois de formation.

Concrè­te­ment, cer­tains modules sont accen­tués dans la for­ma­tion. Prin­ci­pa­le­ment, ce sont les modules « incen­die », « recon­nais­sances » et « secours à vic­times » qui ont vu leur volume horaire aug­men­ter. Le module « sau­ve­tage du sau­ve­teur » a quant à lui été créé. L’épreuve d’admission en com­pa­gnie d’incendie et de secours est sup­pri­mée, les recrues seront désor­mais éva­luées en contrôle conti­nu : « l’idéal est de se rap­pro­cher le plus pos­sible du ter­rain opé­ra­tion­nel et de pri­vi­lé­gier des simu­la­tions d’interventions com­plètes » jus­ti­fie le capi­taine. L’ancrage des connais­sances se fait à pré­sent sur quatre mois et non plus sur des périodes iden­ti­fiées. Paral­lè­le­ment, l’enseignement à dis­tance prend lui aus­si de l’ampleur. Avant sa ren­trée au fort, « la future recrue se devra d’apprendre cer­tains items indis­pen­sables de la vie de sapeur-pom­pier mili­taire tels que les grades, la Mar­seillaise, l’éthique et le code d’honneur » sou­ligne l’officier.

La « den­si­fi­ca­tion » du sapeur-pom­pier de Paris

C’est sans doute le module « recon­nais­sance » qui est le plus nova­teur dans cette for­ma­tion ini­tiale de der­nière géné­ra­tion. En effet, afin de par­faire leur tech­nique, les recrues vont pou­voir évo­luer dans des condi­tions réelles d’un feu de cave. Dans l’antre des caves à fumées, res­sen­ti de la cha­leur, ana­lyse du pla­fond de fumée, lec­ture du feu, appren­tis­sage des tech­niques de recon­nais­sance et uti­li­sa­tion de la camé­ra ther­mique, ges­tion du stress : toutes les condi­tions sont réunies pour aguer­rir au mieux ces futurs sol­dats du feu. Des tra­vaux de réha­bi­li­ta­tion des caves du fort de Vil­le­neuve ont été entre­pris, avec l’appui pré­cieux du bureau sou­tien infra­struc­ture, en vue d’accueillir ces exer­cices taille réelle.

Cette for­ma­tion ini­tiale réno­vée pro­pose ain­si une meilleure pro­gres­si­vi­té dans le domaine de l’incendie avec, pour exemple, 90 heures sur le bloc recon­nais­sance contre 70 dans l’ancienne version.

Capi­taine Phi­lippe L.P.

Un PEC plus court
For­mer les recrues aux tech­niques de chef d’équipe a une réelle plus-value en terme de ges­tion des res­sources humaines. En effet, lors de leur cur­sus d’avancement, les recrues pas­se­ront désor­mais au PEC avec les qua­li­fi­ca­tions tech­niques déjà acquises. Il ne sera donc pas néces­saire de les for­mer à des gestes déjà assi­mi­lés. Le com­man­de­ment du GFIS a ain­si pu pro­po­ser une réduc­tion de deux semaines de la durée du PEC. Au-delà du module chef d’agrès moyen élé­va­teur aérien (MEA), ce stage aura pour objec­tif de confir­mer les qua­li­fi­ca­tions acquises, mais aus­si et sur­tout de se recen­trer sur le rôle du chef. Cette réduc­tion de l’empreinte for­ma­tion du PEC est un gain signi­fi­ca­tif en terme de « ges­tion du temps d’activité » en centre de secours.


Les caves à fumées chaudes

Le point de vue du nou­veau for­ma­teur : Ser­gent Fabrice L. C.

Quelle est la plus-value pour les recrues ?
La pré­sence d’un foyer réel va per­mettre à la recrue d’avoir un vrai res­sen­ti de la cha­leur, de sen­tir ses propres limites et d’avoir des condi­tions d’engagement proches de ce qu’elle retrou­ve­ra sur un feu.

Quel est l’objectif pour le sta­giaire ?
Le sta­giaire doit com­prendre l’intérêt et la plus-value appor­tés par les maté­riels dont il dis­pose lors d’une recon­nais­sance (lampe, camé­ra ther­mique, ins­tru­ment de contrôle et de sécu­ri­té) mais aus­si le but du « TOP silence », l’importance de l’élocution… Il apprend par ailleurs à se ser­vir de ses sens et notam­ment de l’ouïe pour repé­rer le foyer et s’orienter dans l’espace.

Qu’avez-vous appris lors de votre pas­sage en cave à fumées ?
En tant que nou­veau for­ma­teur, nous appre­nons le dérou­lé du pas­sage à l’intérieur de la cave. La cave à fumées chaudes est un outil péda­go­gique avec lequel nous devons nous fami­lia­ri­ser pour mettre toutes les tech­niques en appli­ca­tion avec les recrues.

Ser­gent Fabrice L.C.
La direc­tion géné­rale de la formation

Créée en août 2020, la direc­tion géné­rale de la for­ma­tion (DGF) est un nou­vel éche­lon de coor­di­na­tion, de sui­vi et de pilo­tage de l’ensemble des actions de for­ma­tion dis­pen­sées par le GFIS.

Cette nou­velle enti­té veille à la qua­li­té et à la cohé­rence des actions de for­ma­tion. Elle réa­lise l’ingénierie péda­go­gique des stages de for­ma­tion, déve­loppe la numé­ri­sa­tion de son espace de for­ma­tion et s’assure du res­pect de la cer­ti­fi­ca­tion ISO 9001 dont béné­fi­cie le groupement.

Cette direc­tion est, en outre, l’interlocutrice pri­vi­lé­giée de l’état-major de la BSPP et des grou­pe­ments pour tout ce qui concerne les tra­vaux d’ingénierie de for­ma­tion. Elle regroupe en son sein les pilotes des domaines secours à per­sonne, incen­die, tir et NRBC. Enfin, elle pré­fi­gure la nou­velle orga­ni­sa­tion et le fonc­tion­ne­ment de la future école de for­ma­tion à l’horizon 2023 sur le site de Limeil-Valen­ton-Vil­le­neuve-Saint-Georges (LVV).

La direc­tion géné­rale de la for­ma­tion a deux mis­sions prin­ci­pales : la coor­di­na­tion et le pilo­tage de l’ensemble des for­ma­tions ain­si que la par­ti­ci­pa­tion aux études prospectives.

LE MOT DU DIRECTEUR

Le capi­taine Chris­tophe C. est le pre­mier offi­cier à occu­per la fonc­tion de direc­teur géné­ral de la for­ma­tion. Son rôle est de « mettre de la cohé­rence au sein de la for­ma­tion. Au GFIS, nous dis­pen­sons chaque année envi­ron 150 000 jour­nées-élèves au tra­vers de 140 actions de for­ma­tion dif­fé­rentes, explique-t-il. Nous dis­po­sons de la pre­mière école de sapeurs-pom­piers d’Europe, il faut donc avoir une orga­ni­sa­tion et un fonc­tion­ne­ment éprou­vés et résilients. »

Inter­lo­cu­teur direct du chef de corps du GFIS et des bureaux de l’état-major cen­tral, le capi­taine pilote l’ensemble des acti­vi­tés de for­ma­tion en veillant à la coor­di­na­tion entre les com­pa­gnies char­gées de la conduite des stages et la com­pa­gnie res­pon­sable de la logistique.

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