UN GRADE, UNE FONCTION (5) — Médecin en chef & Directeur des secours médicaux

Jean Flye —  — Modi­fiée le 5 juillet 2021 à 02 h 47 

Web-série — Urgences collectives, renforts techniques ou interventions particulières, les missions du directeur des secours médicaux (DSM) sont vastes et variées. Aujourd’hui, il effectue sa première garde en tant que DSM : le médecin-chef Clément Derkenne dissèque pour nous ses nouvelles fonctions. Portrait.

Cer­tains m’appellent “Doc­teur”, d’autres “Mon colo­nel”, dans la Marine natio­nale on m’appelle “mon­sieur le méde­cin” et les anciens m’appellent Tou­bib » entame le méde­cin-chef Clé­ment Der­kenne, chef de l’antenne médi­cale de Cour­be­voie. Lyon­nais de cœur, le doc­teur est en réa­li­té pari­sien. Il y est né et y a gran­di jusqu’à ses 17 ans, « j’aimerais bien croire que je suis ori­gi­naire des Alpes mais en réa­li­té, ce n’est pas le cas ! ». Le Pari­sien rêve de mon­tagne : pas­sion­né de ski de ran­don­née, il passe son temps libre à faire des raids en val­lée de Maurienne.

L’homme de grande taille au phy­sique svelte est méde­cin mili­taire de car­rière. Il a inté­gré le ser­vice de san­té des armées en 2002. Après six ans d’études de méde­cine et trois ans en inter­nat de méde­cine géné­rale à l’hôpital Des­ge­nettes à Lyon, il décide de se spé­cia­li­ser en méde­cine d’urgence. Sa pre­mière affec­ta­tion a été au centre médi­cal du 4e régi­ment de chas­seur à Gap, « pen­dant cette affec­ta­tion j’ai sou­te­nu des chas­seurs alpins et des gen­darmes de haute mon­tagne » déve­loppe le méde­cin-chef. « Ce sont des expé­riences très riches car nous sou­te­nons des popu­la­tions très diverses. » Cette pre­mière expé­rience se concré­tise par trois départs en opé­ra­tion exté­rieure (OPEX), entre 2011 et 2014. Un départ en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne puis deux autres au Mali dans le cadre des opé­ra­tions Ser­val puis Barkhane.

Après diverses expé­riences de méde­cine d’armée, du sport et d’urgence, en mon­tagne puis en OPEX, le doc­teur Clé­ment Der­kenne débarque le 1er jan­vier 2016 à la BSPP. Aujourd’hui, il est méde­cin en chef de l’antenne médi­cale de Cour­be­voie. Depuis peu, il occupe la fonc­tion de direc­teur des secours médi­caux. « La fonc­tion de DSM se déroule sur une garde de 24 heures tenue par un méde­cin sur liste pré­fec­to­rale » conti­nue-t-il. « Elle existe dans tous les dépar­te­ments mais le sec­teur BSPP est la seule zone où le DSM couvre quatre dépar­te­ments, c’est pour­quoi, il est de garde à T 0* ».

Pour le DSM, il existe plu­sieurs types de mis­sions : urgences col­lec­tives, ren­forts tech­niques ou situa­tions par­ti­cu­lières. « Le DSM à un spectre de mis­sion qui est extrê­me­ment large » sou­ligne le doc­teur Der­kenne. Lors d’un incen­die, il com­mande la par­tie médi­cale du dis­po­si­tif et peut déca­ler lors d’un ren­fort habi­ta­tion ou d’un ren­fort secours. Il occupe les fonc­tions opé­ra­tion­nelles les plus impor­tantes en termes de com­man­de­ment médi­cal. « Pla­cé sous l’autorité du com­man­dant des opé­ra­tions des secours, le DSM dirige et orga­nise l’ensemble de la chaîne médi­cale des secours de l’avant jusqu’à l’évacuation » explique le méde­cin-chef. Il attri­bue les mis­sions au per­son­nel pla­cé sous son com­man­de­ment par le biais du CMO SAN (voir enca­dré), il orga­nise la chaîne médi­cale des secours et exploite les res­sources de tous les moyens BSPP, SAMU et les asso­cia­tions agréées de Sécu­ri­té civile (AASC). Son rôle est aus­si de veiller à l’optimisation opé­ra­tion­nelle des res­sources médi­cales et logis­tiques. « Le DSM doit avoir une cer­taine facul­té d’analyse d’une inter­ven­tion, pour pou­voir anti­ci­per une éven­tuelle mon­tée en puis­sance de la chaîne médicale. »

Une for­ma­tion d’un très bon niveau
Le DSM peut se dépla­cer sur inter­ven­tion pour un ren­fort tech­nique. Lorsque, par exemple, le pre­mier méde­cin de l’ambulance de réani­ma­tion éprouve une dif­fi­cul­té pour intu­ber une vic­time. « Le ren­fort tech­nique médi­cal est de la res­pon­sa­bi­li­té exclu­sive du DSM » pré­cise le méde­cin-chef. Le DSM peut aus­si déca­ler pour des situa­tions par­ti­cu­lières, notam­ment lors d’une prise d’otage, d’un évé­ne­ment NRBC ou de la prise en charge d’un VIP. « Il est l’interlocuteur unique du COS pour l’ensemble de la chaîne San­té. »
« La for­ma­tion du DSM est très com­plète et d’un très bon niveau détaille le méde­cin-chef. Les futurs DSM de la Bri­gade effec­tuent le stage com­man­dant des opé­ra­tions de secours ». « Évo­luer avec les futurs com­man­dants des opé­ra­tions de secours est extrê­me­ment inté­res­sant » enchaîne-t-il. Mais depuis peu, cette for­ma­tion est com­plé­tée par un stage de trois semaines mixte entre l’école natio­nale supé­rieure des offi­ciers de sapeurs-pom­piers (ENSOSP) et l’école des hautes études en san­té publique (EHESP). Le méde­cin-chef Der­kenne conclut en expli­quant que « la fonc­tion de DSM est très riche, notre objec­tif prin­ci­pal est de sou­la­ger le COS de la par­tie médi­cale, enjeu majeur de l’intervention ».

*Être de garde à T 0 signi­fie : être prêt à par­tir sur inter­ven­tion immédiatement.


Le CMO SAN : maillon indispensable de la chaîne de commandement

Le centre de mise en œuvre san­té (CMO SAN) est le poste de com­man­de­ment du DSM. C’est une struc­ture d’aide au com­man­de­ment pou­vant être acti­vée dès lors que la chaîne « San­té » est lan­cée. Il per­met d’organiser le sec­teur médi­cal au pro­fit du DSM et de s’intégrer dans la chaîne d’aide au com­man­de­ment. En fonc­tion des direc­tives du COS et selon les types d’opérations, le CMO SAN est nomi­na­le­ment déployé et enga­gé au plus près du poste médi­cal avan­cé ou bien en zone de poste de com­man­de­ment. Ce véhi­cule per­met d’organiser un poste de com­man­de­ment médi­cal très rapi­de­ment sur les lieux d’une intervention.


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