WEB SERIE — UN GRADE, UNE FONCTION (ép. 1) : Adjudant-chef et Adjudant d’unité

Web-série — A la Brigade, chaque grade correspond à une fonction bien précise. Nous allons, une fois par mois, les explorer au travers de portraits des femmes et des hommes qui les occupent. Pour débuter cette série direction Villeneuve-Saint-Georges à la CCL6.

Maxime Gri­maud —  — Modi­fiée le 27 avril 2021 à 05 h 33 

Expérience et bienveillance à LA CCL6

Le grade d’adjudant-chef impose de réelles capa­ci­tés mana­gé­riales. Cette véri­té s’éprouve notam­ment en com­pa­gnie de com­man­de­ment et de logis­tique (CCL). Pour en décou­vrir les cou­lisses, l’adjudant-chef John­ny H. nous ouvre les portes du fort. Rencontre.

Avec son allure volon­taire et son regard rieur, l’adjudant-chef John­ny H. arpente l’allée du fort de Vil­le­neuve-Saint-Georges en direc­tion de son bureau. Sur le che­min, plu­sieurs mili­taires du rang se pressent vers lui, cher­chant conseils et ins­truc­tions auprès de leur adju­dant de com­pa­gnie. Pour cha­cun de ses hommes, le sous-offi­cier garde la même atti­tude : un mélange bien dosé d’humanité et de fer­me­té. « C’est ça mon état d’esprit », atteste-t-il.

« J’ai incor­po­ré la bri­gade de sapeur-pom­pier en 1995, à l’âge de vingt ans, se remé­more John­ny H. Après ma for­ma­tion ini­tiale, je suis entré au pre­mier grou­pe­ment d’incendie et de secours dans lequel je suis res­té jusqu’en 2012. Depuis 2013, j’évolue au grou­pe­ment de for­ma­tion d’instruction et de secours (GFIS). » Pour lui, le grade d’adjudant-chef sym­bo­lise un cer­tain abou­tis­se­ment de sa car­rière de pom­pier de Paris. « Lorsqu’on com­mence jeune sapeur, gra­vir les éche­lons, com­man­der des hommes et atteindre des postes à res­pon­sa­bi­li­té, c’est notre prin­ci­pale ambi­tion, ana­lyse-t-il. Ce grade est l’attestation, la preuve, que cer­tains d’entre nous ont réa­li­sé cet objec­tif ! Au prix de nom­breux efforts et sacri­fices, certes, mais en ayant accu­mu­lé une riche expé­rience humaine et professionnelle. »

Les grades d’adjudant et d’adjudant-chef marquent un pas­sage dans le rôle du mili­taire. « Quand nous sommes chef de garde, nous gérons nos hommes dans une optique prin­ci­pa­le­ment opé­ra­tion­nelle, explique-t-il. En deve­nant chef de centre, nous devons sur­tout gérer des hommes dans leur glo­ba­li­té. Pour orga­ni­ser effi­ca­ce­ment le ser­vice de garde et faire adhé­rer tous les hommes, le sous-offi­cier supé­rieur doit les connaître, cha­cun indi­vi­duel­le­ment. Que ce soit au niveau des contraintes pro­fes­sion­nelles ou personnelles. »

UN COORDINATEUR POUR LE FORT

Depuis sep­tembre 2018, l’adjudant-chef Har­mance est affec­té à la 31e com­pa­gnie de com­man­de­ment et de logis­tique, au fort de Vil­le­neuve-Saint-Georges. « Mon rôle est un peu par­ti­cu­lier puisqu’il est com­plé­men­taire de ceux des deux autres adju­dants d’unité. Il y a l’adjudant-chef de la pre­mière com­pa­gnie de for­ma­tion (CDF1), en charge des jeunes recrues et de leurs for­ma­teurs, et l’adjudant-chef de la deuxième com­pa­gnie de for­ma­tion (CDF2), détaille le sous-offi­cier. Ce der­nier gère les centres de for­ma­tion spé­cia­li­sés : CFSAV, CFI, CFRT et CFEPMS. »

Une grande par­tie du tra­vail de l’adjudant-chef H. consiste à orga­ni­ser le ser­vice de garde. « J’ai à ma dis­po­si­tion l’ensemble des per­son­nels du fort à l’exception des for­ma­teurs et des jeunes recrues, déve­loppe-t-il. Au quo­ti­dien je dois four­nir trois mili­taires dont un sous-offi­cier pour le poste de veille opé­ra­tion­nelle (PVO). Je pré­vois cinq per­son­nels d’astreinte pour le véhi­cule poste de com­man­de­ment-tac­tique (PC-TAC) et j’établis le ser­vice de garde pour les quinze mili­taires du rang du groupe ordi­naire. Pour les hommes du foyer et de la remise, je laisse aux chefs de groupe le soin d’organiser eux-mêmes leurs équipes. »
La deuxième grande par­tie du tra­vail d’adjudant-chef de la CCL6 consiste à super­vi­ser le ser­vice inté­rieur et ses échéances. « Qu’il s’agisse de l’avancement, du contrôle de la condi­tion phy­sique du mili­taire (CCPM), de la visite médi­cale sys­té­ma­tique ou des nom­breuses céré­mo­nies à assu­rer au sein du fort, insiste John­ny H. Je gère le ser­vice inté­rieur de toute la com­pa­gnie, soit 140 mili­taires chaque mois, dont l’état-major du GFIS et le ser­vice médi­cal. » Cer­tains groupes aty­piques comme la Musique de la Bri­gade dépendent éga­le­ment de l’ADU de la CCL6.

« Bien sûr, les mis­sions propres aux chefs de groupe dans le cadre de la for­ma­tion sont prio­ri­taires, explique l’adjudant-chef. Mon rôle consiste à rem­plir mes objec­tifs tout en lais­sant une bonne marge de manœuvre pour les autres chefs de groupe. Selon moi, tout est une ques­tion de péda­go­gie et de com­mu­ni­ca­tion. » À l’avenir, l’adjudant-chef H. sou­haite conti­nuer sa car­rière dans les res­sources humaines « Le contact humain c’est la par­tie pré­fé­rée de mon tra­vail et je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin ! »


SON ACTION MARQUANTE

Durant la pre­mière vague de la Covid-19, toutes les jeunes recrues sont ren­voyées chez elles ou ven­ti­lées en com­pa­gnie. L’adjudant-chef H. doit réor­ga­ni­ser entiè­re­ment son ser­vice de garde ain­si que le ser­vice inté­rieur, notam­ment en ce qui concerne l’entretien du fort pour palier ce bru­tal manque d’effectif.
En paral­lèle, il arme pen­dant deux semaines, et quo­ti­dien­ne­ment, deux VSAV en ren­fort pour les GIS.


L’INFO EN PLUS

Dans la Marine, le grade d’adjudant-chef n’existe pas. Il est rem­pla­cé par celui de maître prin­ci­pal (MP). L’appellation cou­ram­ment uti­li­sée est « cipal », plus rapide à prononcer !

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